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De Fuga in Persecutione
VI.
[1] 'Immo', inquit, 'quia praeceptum adimplevit fugiens de civitate in civitatem.' Sic enim voluit quidam, sed et ipse fugitivus, argumentari et qui proinde nolunt intelligere sensum domini illius pronuntiationis, ut eam ad velamentum timiditatis suae utantur, cum et personas suas habuerit et tempora et causas. Cum coeperint, inquit, persequi vos, fugite de civitate in civitatem. [2] Hoc in persona proprie apostolorum et in tempora et in causas eorum pertinere defendimus, sicut subsequentes sensus probabunt, qui nonnisi in apostolos competunt: In viam nationum ne ieritis et in civitatem Samaritanorum ne introieritis, sed ite potius ad oves perditas domus Israelis. [3] Nobis autem et via nationum patet, in qua et inventi sumus et usque in finem incedimus, et nulla civitas excepta est, quo per totum orbem praedicamus; sed nec cura nobis Israelis iniuncta est extra ordinem, nisi qua et omnibus gentibus praedicare debemus; [4] etiam si apprehendamur, non in concilia eorum perducemur nec in synagogis eorum flagellabimur, sed Romanis utique potestatibus et tribunalibus obiciemur. [5] Si
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De la fuite pendant la persécution
VI.
---- Vous vous trompez; dites plutôt qu'il a rempli le précepte en fuyant de cité en cité.
---- Ainsi a voulu raisonner un Chrétien, qui lui-même avait pris la fuite; ainsi le veulent tous ceux qui refusent de comprendre quel est le sens de cet oracle de notre Seigneur, pour en faire un rempart qui défende leur pusillanimité, puisque ce précepte est assujetti à des conditions de personnes, de temps et de causes. «Lorsque l'on commencera de vous persécuter, dit-il, fuyez de ville en ville.» Nous soutenons que ce précepte s'adressait personnellement aux Apôtres, ainsi qu'aux lieux et aux circonstances dans lesquels ils vivaient, comme le démontreront les textes précédents et suivants, qui ne conviennent qu'aux Apôtres: «N'allez point vers les nations, et n'entrez pas dans la ville des Samaritains; mais allez plutôt vers les brebis perdues d'Israël.» Pour nous, la voie des nations nous est ouverte, puisque le Seigneur nous y a trouvés et que nous y marchons encore; point de ville qui nous soit fermée, puisque nous prêchons par tout l'univers. Aucun soin particulier pour Israël ne nous est recommandé, sinon que nous devons évangéliser toutes les nations. De plus, si nous sommes saisis par les persécuteurs, ce n'est pas devant l'assemblée des Juifs que nous serons conduits, ni dans leurs synagogues que nous serons battus de verges; c'est aux puissances et aux tribunaux de Rome que nous serons livrés. Ainsi le précepte de fuir regardait spécialement les Apôtres, parce qu'il fallait d'abord prêcher devant les brebis perdues de la maison d'Israël. Il était nécessaire que la prédication s'accomplît là où elle devait s'accomplir en premier lieu, afin que «le pain de la parole fût distribué aux enfants de la maison avant les animaux immondes.» Voilà pourquoi le Seigneur ordonne à ses Apôtres de fuir pour un temps, non pas pour leur apprendre à se dérober à la persécution en elle-même (car il leur prédit qu'ils souffriraient des persécutions, et il leur enseignait à les supporter), mais clans le but de. propager la doctrine, de peur que s'ils eussent été mis à mort sur-le-champ, l'Evangile ne fut étouffé à son berceau.
D'ailleurs, s'ils avaient à fuir dans une autre ville, ce n'était point en secret, mais pour annoncer partout la parole, et conséquemment s'exposer à. de nouvelles persécutions, jusqu'à ce qu'ils eussent rempli la contrée de leurs prédications. «Vous n'achèverez pas, leur dit-il, de parcourir toutes les villes de la Judée.» Tant il est vrai que le précepte de fuir était renfermé dans les limites de la Judée. Pour nous, notre prédication n'est point enfermée dans la Judée, «depuis que l'Esprit saint a répandu ses effusions sur foute chair.» Aussi Paul et les Apôtres, se rappelant les ordres de leur maître, font-ils celle déclaration devant Israël, qu'ils avaient déjà rempli de leur doctrine: «C'était à vous qu'il fallait annoncer premièrement la parole de Dieu; mais puisque vous la rejetez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voilà que nous allons vers les Gentils.» Ils tournèrent en effet leurs pas ailleurs, comme l'avaient institué leurs prédécesseurs; ils marchèrent dans la voie des nations, et ils entrèrent dans les cités des Samaritains, «afin que leur voix retentît par toute la terre, et que leur parole fût portée jusqu'aux extrémités du monde.» Si la barrière des nations est tombée, si l'interdiction des villes de Samarie a cessé, pourquoi le précepte de la fuite, qui avait la même origine, n'aurait-il pas cessé aussi?
Enfin du jour où. Israël fut rassasié et où les Apôtres passèrent chez les nations, ils ne fuirent plus de ville en ville, et n'hésitèrent plus à souffrir. Paul lui-même, qui avait consenti à s'échapper de sa prison en se faisant descendre le long de la muraille, parce qu'alors la fuite était obligatoire, sur la fin de son apostolat et lorsque le précepte n'existait plus, ne se rendit point aux supplications de ses disciples, qui le conjuraient avec larmes de ne point se rendre à Jérusalem, où Agabus avait prédit qu'il souffrirait le martyre. Loin de là: «Pourquoi, leur dit-il, contristez-vous mon cœur par vos gémissements? J'ai souvent désiré, non pas seulement d'être enchaîné, mais immolé à Jérusalem, pour le nom de Jésus-Christ mon Seigneur.» Alors tous les disciples lui répondirent: Que la volonté du Seigneur soit faite!» Quelle était la volonté du Seigneur? Que désormais on ne se dérobât plus à la persécution. Cependant ceux qui auraient mieux aimé que Paul évitât la persécution, auraient pu alléguer le premier commandement du Seigneur qui prescrivait, la fuite. Conséquemment, le précepte de fuir, temporaire sous les Apôtres, ainsi que plusieurs autres de même nature, ne peut subsister pour nous, puisqu'il avait déjà cessé parmi nos docteurs, quoiqu'il n'eût pas été donné véritablement pour eux. Ou bien, si le Seigneur a voulu qu'il demeurât toujours en vigueur, les Apôtres ont failli, puis-qu'ils n'ont pas continué de fuir jusqu'à la fin.