Edition
Hide
Retractationes (PL)
3.
In secundo autem libro prorsus inepta est et insulsa illa quasi fabula de Philocalia et Philosophia, quod sint germanae et eodem parente procreatae 1. Aut enim philocalia quae dicitur, non nisi in nugis est, et ob hoc philosophiae nulla ratione germana: aut si propterea est hoc nomen honorandum, quia latine interpretatum, amorem significat pulchritudinis, et est vera ac summa sapientiae pulchritudo; [Col. 0587] eadem ipsa est in rebus incorporalibus atque summis philocalia quae philosophia, neque ullo modo sunt quasi sorores duae. Alio loco de animo, cum agerem dixi: Securior rediturus in coelum 2. Iturus autem, quam, rediturus dixissem securius, propter eos qui putant animos humanos pro meritis peccatorum suorum de coelo lapsos sive dejectos, in corpora ista detrudi. Sed hoc ego propterea non dubitavi dicere, quia ita dixi, in coelum, tanquam dicerem, ad Deum, qui ejus est auctor et conditor sicut beatus Cyprianus non cunctatus est dicere: Nam cum corpus e terra, spiritum possideamus e coelo, ipsi terra et coelum sumus 3. Et in libro Ecclesiastae scriptum est: Spiritus revertatur ad Deum, qui dedit illum 4. Quod utique sic intelligendum est, ut non resistatur Apostolo dicenti, nondum natos nihil egisse boni aut mali 5. Sine controversia ergo quaedam originalis regio beatitudinis animi, Deus ipse est, qui eum non quidem de seipso genuit, sed de nulla re alia condidit, sicut condidit corpus e terra. Nam quod attinet ad ejus originem, qua fit ut sit in corpore, utrum de illo uno sit, qui primum creatus est, quando factus est homo in animam vivam; an similiter ita fiant singulis singuli, nec tunc sciebam, nec adhuc scio.
Translation
Hide
Le Rétractations
3.
Au second livre, c’est une fable ridicule et extravagante que celle de la philocalie et de la philosophie qui sont soeurs et nées d’un même père 1. En effet, ou ce qu’on nomme philocalie ne s’entend que de pures bagatelles; elle n’est, dès lors, en aucune façon soeur de la philosophie; ou bien si ce mot a quelque valeur parce qu’il signifie traduit en latin « l’amour du beau, » et qu’il y a une vraie et suprême beauté dans la sagesse, la philocalie et la philosophie ne sont dans la sphère incorporelle et supérieure qu’une seule et même chose; elles ne peuvent donc aucunement être deux soeurs.
Ailleurs, en traitant de l’âme, j’ai avancé « qu’elle doit retourner plus sûrement dans le ciel 2. » Plus sûrement aussi aurais-je dû dire qu’elle doit aller plutôt que retourner; et cela à cause de ceux qui pensent que les âmes humaines tombées on chassées du ciel par suite de leurs péchés, sont précipitées dans ces corps 3. Mais je n’ai pas hésité à dire au ciel, comme si j’eusse dit à Dieu qui en est l’auteur et le créateur; de même que saint Cyprien n’a pas balancé à écrire: « Notre corps étant de la terre et notre âme venant du ciel, nous sommes nous-mêmes terre et, ciel.4» Aussi est-il écrit dans l’Ecclésiaste: « L’esprit retourne à Dieu qui l’a donné 5. » Ce qui se doit entendre sans déroger à la parole de l’Apôtre: « Ceux qui ne sont pas encore nés n’ont rien « fait de bien ni de mal 6. » Donc il ne peut y avoir de doute : Dieu lui-même est une certaine région originelle de la béatitude de l’âme; Dieu qui l’a, non pas engendrée de lui-même, mais formée de rien comme il a formé le corps de terre. Quant à ce qui regarde l’origine de l’âme et la manière dont elle se trouve dans le corps, vient-elle de celui qui le premier a été créé et fait âme vivante; en est-il créé une pour chaque homme? Je l’ignorais alors et je ne le sais point encore aujourd’hui.
-
II y est cependant une fois au Livre III de, Rois, XX, 33. Mais saint Augustin ne l’avait pas peut-être dans la version dont il se servait, ou bien, comme il est question des Païens, il pensait que l’usage d’un mot profane n’était pas digne d’approbation. Liv. II, C. III n. 7. ↩
-
Liv. II, C. IX, n. 22. ↩
-
ce sont les Platoniciens qui professaient cette doctrine, comme on le peut voir dans la Cité de Dieu, livre XCI, ch. 26. ↩
-
S. Cyp. liv. de l’Oraison dominicale. ↩
-
Eccl. XII, 7. ↩
-
Ep. aux Rom. C. IX, 11. ↩