1.
J’ai composé, en plusieurs années, quinze livres sur la Trinité, qui est Dieu. Mais comme je n’en avais pas encore achevé douze, et que je les retenais trop longtemps au gré de ceux qui désiraient vivement les avoir, ils me furent soustraits, étant beaucoup moins corrigés qu’ils ne devaient et pouvaient l’être quand je les aurais voulu éditer. Lorsque je l’ai su, et que j’ai appris que d’autres exemplaires étaient restés parmi nous, j’avais résolu de ne pas les publier moi-même, mais de les garder tels et d’avertir dans quelqu’un de mes autres ouvrages, de ce qu’ils étaient devenus. Cependant mes frères m’ont tellement pressé que je n’ai pu résister; j’ai corrigé autant que je l’ai cru nécessaire; j’ai complété et j’ai ajouté en tête une lettre que j’ai écrite au vénérable Aurélien, évêque de l’Eglise de Carthage; sorte de prologue où je raconte ce qui est arrivé, quelle était mon intention et à quelle affectueuse contrainte j’ai cédé.