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Works Augustine of Hippo (354-430) Confessiones

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Confessiones (PL)

CAPUT XXVII. Quomodo metimur tempus permanens in animo.

34. Insiste, anime meus, et attende fortiter: Deus [Col. 0823] adjutor noster; ipse fecit nos, et non ipsi nos 1. Attende ubi albescit veritas. Ecce puta, vox corporis incipit sonare, et sonat, et adhuc sonat, et ecce desinit; jamque silentium est, et vox illa praeterita est, et non est jam vox. Futura erat antequam sonaret, et non poterat metiri, quia nondum erat, et nunc non potest, quia jam non est. Tunc ergo poterat cum sonabat, quia tunc erat quae metiri posset. Sed et tunc non stabat; ibat enim et praeteribat. An ideo magis poterat? Praeteriens enim tendebatur in aliquod spatium temporis quo metiri posset, quoniam praesens nullum habet spatium. Si ergo tunc poterat, ecce puta, altera coepit sonare, et adhuc sonat, continuato tenore sine ulla distinctione: metiamur eam dum sonat; cum enim sonare cessaverit, jam praeterita erit, et non erit quae possit metiri; metiamur plane et dicamus quanta sit. Sed adhuc sonat, nec metiri potest nisi ab initio sui quo sonare coepit, usque ad finem quo desinit. Ipsum quippe intervallum metimur ab aliquo initio usque ad aliquem finem. Quapropter vox quae nondum finita est, metiri non potest, ut dicatur quam longa vel brevis sit; nec dici aut aequalis alicui, aut ad aliquam simpla vel dupla, vel quid aliud. Cum autem finita fuerit, jam non erit. Quo pacto igitur metiri poterit? Et metimur tamen tempora: nec ea quae jam nondum sunt, nec ea quae jam non sunt, nec ea quae nulla mora extenduntur, nec ea quae terminos non habent; nec futura ergo, nec praeterita, nec praesentia, nec praetereuntia tempora metimur; et metimur tamen tempora.

35. Deus creator omnium; versus iste octo syllabarum, brevibus et longis alternat syllabis. Quatuor itaque breves; prima, tertia, quinta, septima, simplae sunt ad quatuor longas; secundam, quartam, sextam, octavam. Hae singulae ad illas singulas duplum habent temporis; pronuntio, renuntio, et ita est quantum sentitur sensu manifesto. Quantum sensus manifestus est, brevi syllaba longam metior, eamque habere bis tantum sentio. Sed cum altera post alteram sonat, si prior brevis, longa posterior, quomodo tenebo brevem, et quomodo eam longae metiens applicabo, ut inveniam quod bis tantum habeat; quandoquidem longa sonare non incipit, nisi brevis sonare destiterit? Ipsam quoque longam non praesentem metior, quando nisi finitam non metior. Ejus autem finitio, praeteritio est. Quid ergo est quod metiar? ubi est, qua metior, brevis? ubi est longa quam metior? Ambae sonuerunt, avolaverunt, praeterierunt; jam non sunt; et ego metior, fidenterque respondeo, quantum exercitato sensu fiditur, illam simplam esse, illam duplam, in spatio scilicet temporis. Neque hoc possum, nisi quia praeterierunt et finitae sunt. Non ergo ipsas quae jam non sunt, sed aliquid in memoria mea metior quod infixum manet.

36. In te, anime meus, tempora metior; noli mihi obstrepere: quod est, Noli tibi obstrepere turbis affectionum tuarum. In te, inquam, tempora metior; affectionem quam res praetereuntes in te faciunt, et cum illae praeterierint manet, ipsam metior praesentem, [Col. 0824] non eas quae praeterierunt ut fieret: ipsam metior, cum tempora metior. Ergo aut ipsa sunt tempora, aut non tempora metior. Quid cum metimur silentia, et dicimus illud silentium tantum tenuisse temporis, quantum illa vox tenuit? Nonne cogitationem tendimus ad mensuram vocis, quasi sonaret, ut aliquid de intervallis silentiorum in spatio temporis renuntiare possimus? Nam et voce atque ore cessante, peragimus cogitando carmina, et versus et quemque sermonem, motionumque dimensiones quaslibet, et de spatiis temporum, quantum illud ad illud sit renuntiamus, non aliter ac si ea sonando diceremus. Si voluerit aliquis edere longiusculam vocem, et constituerit praemeditando quam longa futura sit; egit utique iste spatium temporis in silentio, memoriaeque commendans coepit edere illam vocem quae sonat, donec ad propositum terminum perducatur: imo sonuit et sonabit; nam quod ejus jam peractum est, utique sonuit; quod autem restat, sonabit: atque ita peragitur, dum praesens intentio futurum in praeteritum trajicit, diminutione futuri crescente praeterito, donec consumptione futuri sit totum praeteritum.


  1. Psal. XCIX, 3 ↩

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Les confessions de Saint Augustin

CHAPITRE XXVII. COMMENT NOUS MESURONS LE TEMPS.

34. Courage, mon esprit; redouble d’attention et d’efforts! Dieu est notre aide: « nous sommes son ouvrage et non pas le nôtre1(Ps. XCIX, 3) » attention où l’aube de la vérité commence à poindre. Une voix corporelle se fait entendre; le son continue; et puis il cesse. Et voilà le silence; et la voix est passée; et il n’y a plus rien: avant le son elle était à venir, et ne pouvait se mesurer, n’étant pas encore; elle ne le peut plus, n’étant plus. Elle le pouvait donc, quand elle vibrait, puisqu’elle était; sans stabilité, toutefois; car elle venait et passait. Et n’est-ce. point cette instabilité même qui la rendait mesurable? Son passage ne lui donnait-il pas une étendue dans certain espace de temps, qui formait sa mesure, le présent étant sans espace?

S’il en est ainsi, écoute; voici une nouvelle voix : elle commence, se soutient et continue sans interruption: mesurons-la, pendant qu’elle se fait entendre; le son expiré, elle sera passée, elle ne sera plus. Mesurons-la donc; évaluons son étendue. Mais elle dure encore; et sa mesure ne peut se prendre que de son commencement à sa fin : car c’est l’intervalle même de ces deux termes, quels qu’ils soient, que nous mesurons. Ainsi, la voix qui dure encore n’est pas mesurable. Peut-on apprécier son étendue? sa différence ou son égalité avec une autre? Et, quand elle aura cessé de vibrer, elle aura cessé d’être. Comment donc la mesurer? Toutefois le temps se mesure; mais ce n’est ni celui qui doit être, ni celui qui n’est déjà plus, ni celui qui est sans étendue, ni celui qui est sans limites; ce n’est donc ni le temps à venir, ni le passé, ni le temps présent, ni celui qui passe que nous mesurons; et toutefois nous mesurons le temps.

35. Ce vers: « DEUS CREATOR OMNIUM » est de huit syllabes, alternativement brèves et longues; quatre brèves, la première, la troisième, la cinquième et la septième, simples par rapport aux seconde, quatrième, sixième et huitième, qui durent le double de temps. Je le sens bien en les prononçant: et il en est ainsi, au rapport de l’évidence sensible. Autant que j’en puis croire ce témoignage, je mesure une longue par une brève, et je la sens double de celle-ci. Mais elles ne résonnent que l’une après l’autre, et si la brève précède la longue, comment retenir la brève pour l’appliquer comme mesure à la longue, puisque la longue ne commence que lorsque la brève a fini? Et cette longue même, je ne la mesure pas tant qu’elle est présente; puisque je ne saurais la mesurer avant sa fin : cette fin, c’est sa fuite. Qu’est-ce donc que je mesure? où est la brève, qui mesure? où est la longue, à mesurer? Leur son rendu, envolées, passées toutes deux, et elles ne sont plus! et pourtant je les mesure, et je réponds hardiment, sur la foi de mes sens, que l’une est simple, l’autre double en durée; ce que j e ne puis assurer, qu’elles ne soient passées et finies. Ce n’est donc pas elles que je mesure, puisqu’elles ne sont plus, mais quelque chose qui demeure dans ma mémoire, profondément imprimé.

36. C’est en toi, mon esprit, que je mesure le temps. Ne laisse pas bourdonner à ton oreille : Comment? comment? et ne laisse pas bourdonner autour de toi l’essaim de tes impressions; oui, c’est en toi que je mesure l’impression qu’y laissent les réalités qui passent; impression survivante à leur passage. Elle seule demeure présente; je la mesure, et non les objets qui l’ont fait naître par leur passage. C’est elle que je mesure quand je mesure le temps : donc, le temps n’est autre chose que cette impression, ou il échappe à ma mesure. (484)

Mais quoi! ne mesurons-nous pas le silence? Ne disons-nous pas : Ce silence a autant de durée que cette parole? Et notre pensée ne se représente-t-elle pas alors la durée du son, comme s’il régnait encore; et cet espace ne lui sert-il pas de mesure pour calculer l’étendue silencieuse? Ainsi, la voix et les lèvres muettes, nous récitons intérieurement des poèmes, des vers, des discours, quels qu’en soient le mouvement et les proportions; et nous apprécions la durée, le rapport successif des mots, des syllabes, comme si notre bouche en articulait le son. Je veux soutenir le ton de ma voix, la durée préméditée de mes paroles est un espace, déjà franchi en silence, et confié à la garde de ma mémoire. Je commence, ma voix résonne jusqu’à ce qu’elle arrive au but déterminé. Que dis-je? elle a résonné, et résonnera. Ce qui s’est écoulé d’elle, son évanoui; le reste, son futur. Et la durée s’accomplit par l’action présente de l’esprit, poussant l’avenir au passé, qui grossit du déchet de l’avenir, jusqu’au moment où, l’avenir étant épuisé, tout n’est plus que passé.

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The Opinion of St. Augustin Concerning His Confessions, as Embodied in His Retractations, II. 6
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