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Les Soliloques
20.
L. R. Mais, je te le demande : pourquoi désires-tu que ceux que tu aimes vivent et vivent avec toi? — A. Afin que nous puissions chercher unanimement à connaître Dieu et nos âmes car celui qui est parvenu d'abord à la découverte de la vérité, y conduit les autres sans fatigue. — L. R. Et si tes amis ne voulaient pas s'occuper de cette recherche?A. Je les déterminerais à le vouloir. — L. R. Mais qu'arriverait-il si tu ne pouvais parvenir à les persuader, ou parce qu'ils croiraient connaître déjà la vérité, ou parce qu'ils penseraient qu'elle est impossible à découvrir, ou parce qu'ils seraient détournés de cette recherche par la cupidité et les soins des choses terrestres? — A. Je les supporterais le mieux que je pourrais, et ils feraient de même de leur côté. — L. R. Mais si leur présence était pour toi un obstacle et que tu ne pusses le changer; ne travaillerais-tu pas, n'aspirerais-tu pas à t'en séparer, plutôt que de vivre ainsi avec eux?— A. J'en conviens, la chose est ainsi que tu le dis. — L. R. Tu ne désires donc pour elles-mêmes, ni la vie ni la présence de tes amis, mais afin de parvenir à la sagesse? — A. Je l'avoue. — L. R. Mais quoi 1 et ta propre vie, si tu étais sûr qu'elle est un obstacle à l'acquisition de la sagesse, désirerais-tu la conserver? — A. Je la sacrifierais volontiers. — L. R. Mais si tu savais que tu peux parvenir à la sagesse, soit en abandonnant ce corps mortel, soit en y restant uni, est-ce ici ou dans une autre vie que tu chercherais plutôt à jouir du bien que tu aimes?— A. Si je savais qu'il ne m'arrivera rien de pire que mon état actuel, rien qui me fit descendre du point auquel je suis parvenu, je ne m'en inquiéterais pas. — L. R. Ainsi tu ne redoutes maintenant la mort, que dans la crainte de tomber dans une pire situation ' qui te prive de la connaissance de Dieu? — A. Je crains non-seulement d'être privé de cette connaissance, si je suis parvenu à en .obtenir quelqu'une, mais aussi que toute voie me soit fermée pour arriver à ce que j'ambitionne encore; j'espère, toutefois, -conserver ce que je possède déjà. — L. R. Si donc tu désires cette vie, ce n'est pas non plus pour elle-même, mais en vue de la sagesse? — A. Cela est vrai.
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Soliloquia (PL)
20.
Sed quaero abs te, cur eos homines quos diligis, vel vivere, vel tecum vivere cupias? A. Ut animas nostras et Deum simul concorditer inquiramus. Ita enim facile cui priori contingit inventio, caeteros eo sine labore perducit. R. Quid, si nolunt haec illi quaerere? A. Persuadebo ut velint. R. Quid, si non possis, vel quod se invenisse jam, vel quod ista non posse inveniri arbitrantur, vel quod aliarum rerum curis et desiderio praepediuntur? A. Habebo eos, et ipsi me, sicut possumus. R. Quid, si te ab inquirendo etiam impediat eorum praesentia? nonne laborabis atque optabis, si aliter esse non possunt, non tecum esse potius quam sic esse? A. Fateor, ita est ut dicis. R. Non igitur eorum vel vitam vel praesentiam propter seipsam, sed propter inveniendam sapientiam cupis? A. Prorsus assentior. R. Quid? ipsam vitam tuam si tibi certum esset impedimento esse ad comprehendendam sapientiam, velles eam manere? A. Omnino eam fugerem. R. Quid? si docereris, tam te relicto isto corpore, quam in ipso constitutum, posse ad sapientiam pervenire, curares utrum hic, an in alia vita eo quod diligis fruereris? A. Si nihil me pejus excepturum intelligerem, quod retroageret ab eo quo progressus sum, non curarem. R. Nunc ergo propterea mori times, ne aliquo pejore malo involvaris, quo tibi auferatur divina cognitio. A. Non solum ne auferatur timeo, si quid forte percepi, sed etiam ne intercludatur mihi aditus eorum quibus percipiendis inhio; quamvis quod jam teneo, mecum mansurum putem. R. Non igitur et vitam istam propter seipsam, sed propter sapientiam vis manere. A. Sic est.