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Works Augustine of Hippo (354-430) Soliloquia

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Les Soliloques

18.

A. Tu as raison; mais je m'étonne que tu veuilles distinguer du faux les poèmes, les plaisanteries et les autres fictions. — L. R. Parce que autre chose est de vouloir paraître faux, autre chose est de ne pouvoir être vrai. Ainsi nous pouvons placer sur la même ligne que les ouvrages des peintres et des autres imitateurs de la nature, les oeuvres de l'esprit telles que les comédies, les tragédies, les mimes et d'autres de ce genre. Un homme peint, quoiqu'il soit fait pour ressembler à un homme, ne peut pas plus être un homme véritable que les peintures de la vie humaine renfermées dans les livres des comiques n'ont de réalité. Ces choses ne veulent pas être fausses, et ne le désirent aucunement; mais elles ont été forcées par une sorte de nécessité de suivre la volonté de l'artiste. A la vérité Roscius sur la scène représentait volontairement une fausse Hécube, tandis qu'il devait à la nature d'être un homme; mais volontairement aussi il était un vrai tragédien, puisqu'il remplissait le rôle qu'il avait choisi; il était aussi un faux Priam, quand il imitait Priam qu'il n'était pas. De là naît une merveille que personne ne peut s'empêcher de reconnaître.— A. Quelle est-elle? — L. R. N'est-ce pas que toutes ces choses ne sont vraies en partie qu'autant qu'elles sont en partie fausses, que le faux ne sert en elles qu'à mieux établir le vrai, et que si elles refusent d'être fausses elles ne peuvent devenir ce qu'elles veulent ou doivent être? En effet, comment ce Roscius, dont je viens de parler, serait-il un vrai tragédien, s'il ne consentait à être un faux Hector, une fausse Andromaque, un faux Hercule, et ainsi des rôles sans nombre qu'il a remplis? Comment une peinture pourrait-elle être véritable, si le cheval qu'elle représente n'était pas faux? Comment l'image véritable de l'homme pourrait-elle paraître dans un miroir, si elle n'était pas un faux homme? Mais pourquoi, si certains hommes, pour exprimer le vrai , ont besoin d'employer le faux, craignons-nous tant la fausseté et désirons-nous la vérité comme le plus grand bien? — A. Je l'ignore, et je m'en étonne beaucoup; mais c'est peut-être parce que, dans ces exemples, il n'y a rien qui soit digne de notre imitation. En effet, pour remplir véritablement le rôle de notre vie, quel qu'il soit, nous ne devons point, comme les histrions, ni comme les images reproduites dans un miroir, ni comme les vaches d'airain de Myron, recourir et nous prêter à un rôle étranger, ni par conséquent -chercher à être faux; mais nous devons poursuivre cette vérité, qui n'a point deux faces différentes, qui ne se contredit jamais elle-même, et où le vrai ne se mêle point au faux. — L. R. Les choses que tu recherches ont un caractère grand et divin; si néanmoins nous parvenons à les trouver, ne seras-tu pas obligé d'avouer que c'est d'elles qu'est formée et constituée cette vérité dont le nom sert à désigner tout ce qu'on appelle vrai, de quelque manière que ce soit? — A. J'en conviens sans peine.

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Soliloquia (PL)

18.

A. Recte dicis: sed miror cur ab hoc genere tibi secernenda illa poemata et joca visa sunt, caeteraeque fallaciae. R. Quia scilicet aliud est falsum esse velle, aliud verum esse non posse. Itaque ipsa opera hominum velut comoedias aut tragoedias, aut mimos, et id genus alia possumus operibus pictorum fictorumque conjungere. Tam enim verus esse pictus homo non potest, quamvis in speciem hominis tendat, quam illa quae scripta sunt in libris comicorum. Neque enim falsa esse volunt, aut ullo appetitu suo falsa sunt; sed quadam necessitate, quantum fingentis arbitrium sequi potuerunt. At vero in scena Roscius voluntate falsa Hecuba erat, natura verus homo; sed illa voluntate etiam verus tragoedus, eo videlicet quo implebat, institutum: falsus autem Priamus, eo quod Priamum assimilabat, sed ipse non erat. Ex quo jam nascitur quiddam mirabile, quod tamen ita se habere nemo ambigit. A. Quidnam id est? R. Quid putas, nisi haec omnia inde esse in quibusdam vera, unde in quibusdam falsa sunt, et ad suum verum hoc solum eis prodesse, quod ad aliud falsa sunt? Unde ad id quod esse aut volunt aut debent, nullo modo perveniunt, si falsa esse fugiunt. Quo pacto enim iste quem commemoravi, verus tragoedus esset, si nollet esse falsus Hector, falsa Andromache, falsus Hercules, et alia innumera? aut unde vera pictura esset, si falsus equus non esset? unde in speculo vera hominis imago, si non falsus homo? Quare, si quibusdam, ut verum aliquid sint, prodest ut sint aliquid falsum; cur tantopere falsitates formidamus, et pro magno bono appetimus veritatem? A. Nescio, et multum miror, nisi quia in exemplis istis nihil imitatione dignum video. Non enim tanquam histriones, aut de speculis quaeque relucentia, aut tanquam Myronis buculae ex aere, ita etiam nos ut in nostro quodam habitu veri simus, ad alienum habitum adumbrati atque assimilati, et ob hoc falsi esse debemus; sed illud verum quaerere, quod non quasi bifronte ratione sibique adversanti, ut ex aliqua parte verum sit, ex aliqua falsum sit. R. Magna et divina quaedam requiris. Quae tamen si invenerimus, nonne fatebimur his ipsam confici, et quasi conflari veritatem, a qua denominatur omne quod verum quoquo modo nominatur? A. Non invitus assentior.

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