14.
Il garda le silence quelque temps, puis il dit : Voici encore une autre manière de définir la sagesse, si tu as résolu de ne pas en -finir sur ce point : la sagesse est le droit chemin qui conduit à la vérité.- Cela se réfute de la même manière, dit Licentius; car, selon ce qui est dit à Enée par sa mère, dans l'Enéide de Virgile :
Allez, portez vos pas où vous mène la route;
en suivant cette route, il parvint où on lui avait dit, c'est-à-dire à la vérité. Soutiens, si cela te plaît, que l'endroit où Enée posa le pied peut s'appeler la sagesse; mais suis-je donc fou pour me donner la peine de réfuter ta définition, car il n'en est aucune qui serve mieux ma cause? Tu n'as pas dit, en effet, que la sagesse fût la vérité même, mais seulement la voie qui y conduit. Donc, quiconque suit cette voie suit la sagesse elle-même, et quiconque suit la sagesse doit nécessairement arriver à être sage; donc aussi celui-là sera sage qui aura cherché de son mieux la vérité, quoiqu'il n'y soit pas encore parvenu. En effet, selon moi, on ne peut pas comprendre une meilleure voie qui conduise à la vérité qu'une soigneuse recherche de la vérité; ainsi, pour devenir sage, il suffit de suivre cette voie. Or, s'il n'y a point de sage qui soit malheureux et si tout homme est heureux ou misérable, ce n'est donc pas seulement en trouvant. mais en cherchant la vérité qu'on est heureux.