Translation
Hide
De l'ordre
6.
Une nuit, que j'étais éveillé, comme de coutume, je m'occupais en silence de ce qui me venait à l'esprit je ne sais d'où. Déjà le désir de trouver la vérité m'avait accoutumé à méditer ainsi ; et selon le mouvement de mes pensées, je passai sans sommeil la première ou la seconde partie, et presque toujours la moitié de la nuit. Je ne me laissais point-ravir à mmoi-même par les études de mes élèves; ils travaillaient pendant tout le jour seulement , et j'aurais condamné, comme un excès, qu'ils consacrassent encore les nuits à la poursuite de leur travail. Je leur avais aussi donné l'ordre de se créer une occupation en-dehors de leurs livres, et d'accoutumer leur esprit à demeurer en lui-même. Donc je veillais, ai-je dit, et voilà que le son de l'eau qui coulait près des bains captiva mon oreille, et je le remarquai plus attentivement que de coutume. Je trouvais tout à fait étrange que la même eau heurtant les mêmes cailloux, rendît un son tantôt plus doux et tantôt plus éclatant. Je commençai à m'en demander la cause, et rien, je l'avoue , ne se présentait. Mais Licentius frappant de son lit la boiserie voisine, effraya des souris qui l'importunaient; je sus ainsi qu'il était éveillé. Licentius, lui dis-je, as-tu remarqué, car je vois que ta muse t'a allumé un flambeau pour travailler1, le son inégal de cette eau ? Oui, dit-il, cela n'est point nouveau pour moi. Une nuit, en (n'éveillant, le désir du beau temps me faisait prêter l'oreille, j'écoutais si la pluie tombait, et cette eau murmurait comme à présent. Trygétius parla de même; lui aussi, couché sur son lit et dans la même pièce, veillait à notre insu, car nous étions dans les ténèbres, ce qui est presque nécessaire en Italie , même aux riches.
-
Ret, liv. I, ch. III, n. 2. ↩
Edition
Hide
De ordine (PL)
6.
Sed nocte quadam cum evigilassem de more, mecumque ipse tacitus agitarem quae in mentem nescio unde veniebant: nam id mihi amore inveniendi veri jam in consuetudinem verterat, ita ut aut primam, si tales curae inerant, aut certe ultimam, dimidiam tamen fere noctis partem pervigil quodcumque cogitarem; nec me patiebar adolescentium lucubrationibus a meipso avocari, quia et illi per totum diem tantum agebant, ut nimium mihi videretur, si aliquid etiam noctium in studiorum laborem usurparent; et id a me ipsi quoque praeceptum habebant, ut aliquid et praeter codices secum agerent, et apud sese habitare consuefacerent animum: ergo, ut dixi, vigilabam; cum ecce aquae sonus pone balneas quae praeterfluebat, eduxit me in aures, et animadversus est solito attentius. Mirum admodum mihi videbatur quod nunc clarius, nunc pressius eadem aqua strepebat silicibus irruens. Coepi a me quaerere quaenam causa esset. Fateor, nihil occurrebat; cum Licentius lecto suo importunos percusso juxta ligno sorices terruit, seseque vigilantem hoc modo indicavit. Cui ego: Animadvertisti, inquam, Licenti 1, quomodo canalis iste inconstanter sonet? Jam, inquit, mihi hoc non est novum. Nam desiderio serenitatis cum expergefactus aliquando aurem admovissem, ne imber ingrueret, hoc agebat aqua ista quod nunc. Approbavit Trygetius. Nam et ipse in eodem conclavi lecto suo cubans vigilabat, nobis nescientibus: erant enim tenebrae; quod in Italia etiam pecuniosis prope necesse est.
-
nam video tibi Musam tuam lumen ad lucubrandum accendisse [1 Retract. c. 3, n. 2] ↩