51.
L'Apôtre ayant donc affaire à ceux qui, par la grâce, étaient entés sur l'olivier franc, s'exprime ainsi : « Tu dis : Les branches naturelles ont été brisées pour que je sois enté à leur place. C'est bien; elles ont été brisées à cause de leur incrédulité. Pour toi, demeure ferme par la foi ; garde-toi de t'élever, mais crains 1. » C'est un bienfait de Dieu, ton mérite n'y est pour rien; l'Apôtre le dit ailleurs : « C'est la grâce qui vous a sauvés par la foi; et ceci ne vient pas de vous, car c'est un don de Dieu, ni des oeuvres, de peur que nul ne s'en glorifie. Car nous sommes son ouvrage, créés en Jésus-Christ, pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées afin que nous y marchions 2. » D tas cette manière de comprendre la grâce se trouve la crainte dont il est dit : « Garde-toi de t'élever, mais crains. » Cette crainte est différente de la crainte servile que chasse la charité; l'une, c'est la peur de tomber dans les supplices réservés par la justice de Dieu, l'autre, c'est la peur de perdre la grâce de ses dons.