10.
Vous demandez ce que signifie cet endroit du psaume LXXII : «Mais cependant Dieu écrasera la tête de ses ennemis qui foulent dans leurs péchés le sommet de leurs cheveux ; » je n'y vois pas d'autre sens si ce n'est que Dieu brisera la tête de ses ennemis superbes et qui s'enorgueillissent trop dans leurs péchés. Le Prophète, voulant représenter par une hyperbole l'allure superbe et la marche de l'orgueilleux, dit qu'il s'avance comme s'il foulait le sommet des cheveux. Il est écrit dans le même psaume : « La langue de vos chiens pris, parmi vos ennemis, par lui-même; » l'expression de chien ne doit pas toujours être reçue en mauvaise part. Autrement le Prophète ne blâmerait pas les chiens muets qui ne savent pas aboyer et qui aiment à dormir 1 ; les chiens mériteraient donc des louanges s'ils savaient aboyer et s'ils aimaient à veiller. Les trois cents qui, dans la désignation hébraïque de leur nombre, représentent la forme de la croix, et qui, buvant de l'eau, lapèrent comme des chiens 2, n'auraient pas été choisis pour vaincre, s'ils ne signifiaient pas quelque chose de grand. Car les bons chiens veillent et aboient pour la maison et pour le maître, pour le troupeau et pour le pasteur. Enfin, dans ce même passage où le Psalmiste prophétise la gloire de l’Eglise, il est question de la langue des chiens et non pas de leurs dents. « Vos chiens pris parmi vos ennemis, » c'est-à-dire afin que ceux qui étaient vos ennemis devinssent vos chiens et que ceux qui se ruaient contre vous aboyassent pour vous. Le Psalmiste ajoute
« Par lui-même, » ce qui ne permet pas aux chiens ainsi transformés de croire que ce changement soit leur oeuvre ; il est l'oeuvre de Dieu, c'est-à-dire de sa miséricorde et de sa grâce.