28.
Que personne donc, dit-il, quand vous êtes le corps du Christ, ne vous condamne, en voulant paraître humble de cœur dans le culte des anges, « s'ingérant dans ce qu'il n'a pas vu, » ou d'après quelques exemplaires, « s'ingérant dans ce qu'il a vu. » La première version voudrait dire que les hommes pratiquent ces choses par conjectures et opinions vaines, et sans avoir vu par eux-mêmes s'ils devaient s'y soumettre ; la seconde version voudrait dire qu'on attache une grande importance à ce qu'on a vu observer en quelques lieux sans que la confiance soit en rien justifiée, et qu'on se croit grand parce qu'on aura vu par hasard je ne sais quelles pratiques secrètes. Mais le meilleur sens est celui-ci : « S'ingérant dans ce qu'il n'a pas vu, inutilement enflé par des pensées charnelles.» C'est une chose admirable que ce dernier reproche qui suit l'affectation de l'humilité, car il arrive merveilleusement au cœur de l'homme de s'enfler davantage par une fausse humilité que par la plus audacieuse franchise de l'orgueil. « Et ne tenant pas au Chef (c'est le Christ que veut dire l'Apôtre) par lequel tout le corps uni et lié, assisté et entretenu, reçoit l'accroissement de Dieu. Si donc vous êtes morts avec le Christ aux choses de ce monde, pourquoi agissez-vous avec ce monde comme si vous étiez encore vivants 1? »
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Coloss. II, 4-20. ↩