12.
C'est pourquoi les stoïciens me paraissent se tromper en soutenant qu'on n'a pas du tout la sagesse, lorsqu'on y fait des progrès, mais qu'on l'a quand on a atteint l'entière perfection; ils ne nient pas ces progrès, mais ils ne veulent pas qu'on puisse être en aucune manière appelé sage, si, sorti de je ne sais quelles obscures profondeurs, on ne s'élance pas tout à coup au milieu des libres et lumineuses régions de la sagesse. Qu'importe à l'homme qui se noie d'avoir de l'eau sur la tête à une profondeur de plusieurs stades, ou d'une palme, ou d'un pouce? Ainsi, d'après les stoïciens, ceux qui tendent vers la sagesse s'avancent comme s'ils montaient du fond d'un gouffre vers l'air; mais ils n'auront pas la vertu et ne seront pas sages avant de s'être complètement dégagés de la folie comme d'une masse d'eau qui les étouffe; mais du moment qu'ils y auront échappé , ils posséderont toute la sagesse, sans le moindre vestige de folie, qui puisse produire aucun péché.