6.
Que Pélage repasse donc, s'il le peut, les mérites par suite desquels Dieu a daigné le prendre sous sa protection et si c'est parce que lui-même avait pris Dieu pour son partage. Qu'il nous dise s'il a cherché le premier ou s'il a été cherché par Celui qui est venu sauver ce qui était perdu 1 . Car si l'homme veut chercher en quoi, avant la grâce , il a mérité de la recevoir, il découvrira en lui du mal , et non du bien, quand même sa vie n'eût été que d'un jour sur la terre , lorsque la grâce du Sauveur l'a trouvé. Si l'homme faisait quelque bien pour mériter la grâce , la récompense ne lui serait plus imputée comme grâce, mais comme une dette. Mais s'il croit en Celui qui justifie le pécheur, pour que sa foi lui soit imputée à justice 2 (car le juste vit de la foi 3 ), qu'est-il, le pécheur, avant d'être justifié par la grâce, qu'est-il sinon un pécheur? Si on lui avait rendu ce qu'il méritait, qu'aurait-il eu pour sa part sinon le supplice? Si c'est donc une grâce, les oeuvres de l'homme n'y sont pour rien. Autrement la grâce ne serait plus grâces. Ce qu'on donne pour des oeuvres est le paiement d'une dette; mais la grâce est donnée gratuitement, et c'est de là qu'elle est ainsi nommée. 4