5.
Si donc nous pensions que ce fût en tant qu'homme que le Christ eût dit au bon larron: « Tu seras aujourd'hui avec moi en paradis, » non ne pourrait pas conclure de ces paroles que le paradis fût dans le ciel; car, le jour de sa mort, Jésus-Christ ne devait pas se trouver au ciel comme homme; son âme devait être dans les enfers, et son corps dans le tombeau. Cette sépulture de son corps est très-évidemment rapportée dans l'Evangile ; pour ce qui est de i la descente de son âme dans les enfers, nous avons l'enseignement apostolique. Le bienheureux Pierre, en effet, cite en faveur de cet événement ce témoignage des psaumes, qu'il démontre en avoir été la prédiction : « Vous ne laisserez pas mon âme dans les enfers, et vous ne permettrez point que votre saint « éprouve la corruption 1. » Ce passage s'applique à la fois à l'âme qui n'a pas été laissée dans les enfers puisqu'elle en est sitôt revenue, et au corps qu'une résurrection prompte a dérobé aux atteintes de la corruption. Mais personne n'imagine que le mot de paradis signifie ici le sépulcre. Et si quelqu'un poussait l'absurdité jusqu'à soutenir ce sentiment par la raison que le tombeau du Christ était dans un jardin, on lui ferait changer d'avis en lui rappelant que le larron à qui il fut dit : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis, » ne fut pas déposé dans le même sépulcre que ; le Christ. D'ailleurs, ce n'eût pas été une grande récompense à promettre au larron converti que de lui annoncer le repos de la tombe sans joie ni douleur, quand il souhaitait un repos dont il pût ressentir l'ineffable bonheur.
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Ps. XV, 10 ; Act. II, 27. ↩