7.
C'est pourquoi comme .il est écrit, « priez sans cesse, rendez grâces à Dieu en toutes choses 1, » vous priez pour persévérer et avancer ; vous rendez grâces parce que vous n'avez rien de vous-mêmes. Qui donc vous a séparées de cette masse de mort et de perdition condamnée depuis Adam? N'est-ce pas celui qui est venu chercher et sauver ce qui avait péri 2? Lorsque l'homme entend l'Apôtre lui dire : « Qui te distingue? » doit-il répondre : ma bonne volonté, ma foi , ma justice, sans que ces paroles retentissent aussitôt à ses oreilles : « Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Or, si tu l'as reçu, pourquoi t'en glorifier comme si tu ne l'avais pas reçu 3 ? » Nous ne voulons donc pas qu'une vierge sacrée, lorsqu'on lui dit ou qu'elle lit : « Vous ne tenez de personne vos richesses spirituelles; c'est en ceci que vous méritez d'être louée; c'est en ceci que vous devez être préférée aux autres parce que ces richesses-là ne peuvent être que de vous et en vous : » nous ne voulons pas, disons-nous, qu'elle s'en glorifie comme si elle n'avait pas tout reçu. Qu'elle dise : « Ce que je vous ai voué est en moi, ô mon Dieu ! je l'accomplirai à votre louange 4 ; » mais comme c'est en elle et non point d'elle, qu'elle se souvienne de dire aussi : « Seigneur, c'est votre volonté qui a donné la force à ma vertu 5 : » le bien vient d'elle, sans doute, en ce sens que sans le libre arbitre il n'y a pas de bonne oeuvre possible, mais le bien ne vient pas « que d'elle, » comme il est dit dans ce livre. Si la grâce de Dieu ne vient pas en aide au libre arbitre, il ne peut pas y avoir même une bonne volonté dans l'homme. « Car c'est Dieu, dit l'Apôtre, qui opère en vous le vouloir et le faire, comme il lui plaît 6, » non pas seulement comme les novateurs le soutiennent, en nous apprenant ce que nous avons à faire; mais en nous inspirant aussi la charité, afin que nous fassions avec amour ce qui nous est prescrit.