14.
Mais autre est la question de savoir si Dieu est l'auteur et le créateur de toutes les âmes et de tous les corps, ce qui est d'une incontestable vérité, ou s'il y a dans la nature quelque chose qu'il n'ait pas fait, ce qui serait une grande erreur; et autre la question de savoir si Dieu forme les âmes humaines par voie de propagation ou sans propagation , et pourtant il n'est pas permis de croire qu'elles soient faites sans lui. Je veux que dans cette matière vous soyez sobre et. prudent , et qu'en renversant le système de la propagation des âmes, vous ne tombiez pas par mégarde dans l’hérésie des pélagiens. Quoique la propagation .des corps humains soit connue de chacun, nous disons cependant, et avec raison ,que Dieu n'est pas seulement. le créateur du corps du premier homme et des deux premiers époux, mais qu'il l'est encore de toute leur descendance; ainsi, je le crois, on comprend facilement que nous ne voulons pas réfuter, en rappelant que Dieu est l'auteur des âmes, ceux qui en soutiennent la propagation : n'est-ce pas lui qui forme aussi les corps dont nous ne pouvons nier l'origine par la même voie de propagation ? Mais il faut chercher d'autres preuves contre ceux qui soutiennent la propagation des âmes , s'il est vrai qu'ils se trompent. C'est là-dessus que vous auriez dû, s'il était possible, interroger davantage ceux que vous craigniez de pousser à un sentiment meilleur, de peur de faire injure à des morts , comme vous me l'écriviez dans votre dernière lettre. « Ces morts, disiez-vous, ont été de si grands et de si savants évêques que vous auriez craint, docteur jeune et novice, de changer leurs enseignements. » C'est pourquoi je voudrais connaître, surtout, les témoignages sur lesquels s'appuyaient ces grands et savants évêques pour défendre la propagation des âmes. Toutefois, sans égard à de telles autorités, vous avez appelé, dans votre lettre à nos frères de Césarée, cette opinion une invention nouvelle et un dogme inouï : pourtant si ce sentiment est une erreur, nous savons qu'il n'est pas nouveau, mais bien ancien 1.
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Tertullien et peut-être aussi saint Irénée avaient soutenu cette opinion. ↩