29.
Nous parlons maintenant du commencement même d'une foi naissante, quand des hommes, jusque-là éloignés et ennemis, se tournent vers Dieu, commencent à vouloir ce qu'ils ne voulaient pas et à avoir la foi qu'ils n'avaient pas. On prie pour eux, afin que cela se fasse en eux, quoique eux-mêmes ne prient pas : et comment pourraient-ils invoquer Celui en qui ils ne croient pas 1 ? Mais des actions de grâces sont rendues pour eux et par eux après qu'on a obtenu ce qu'on demandait. Nous sommes d'accord, je crois, en ce qui touche les prières des fidèles, pour eux et pour d'autres fidèles, afin d'avancer dans ce qu'ils ont commencé d'être, et en ce qui touche les actions de grâces des progrès déjà faits : nous nous réunissons sur ce point , vous et nous , pour combattre les pélagiens. Ils attribuent tellement au libre arbitre tout ce qui tient à une pieuse vie, qu'ils pensent qu'il ne faut pas le demander à Dieu et que nous le tenons de notre propre fond. Quant à vous, si ce que j'entends dire est vrai, vous ne regardez pas comme un don de Dieu le commencement de la foi où se trouve aussi le commencement d'une bonne, c'est-à-dire d'une pieuse volonté; mais vous prétendez que c'est par nous-mêmes que nous commençons à croire. Pour ce qui est des autres biens de la vie religieuse, vous êtes d'avis que Dieu les donne par sa grâce aux fidèles qui demandent, qui cherchent, qui frappent à la porte. Vous ne faites pas attention qu'on prie Dieu pour les infidèles afin qu'ils croient, parce que c'est Dieu qui donne d'abord la foi, et qu'on rend grâces à Dieu pour ceux qui ont cru, parce que c'est par lui que la foi leur a été donnée.
-
Rom. X, 14. ↩