5.
Que de désordres commis par vous et connus de tous, depuis que vous vous êtes remarié ! Que puis-je en dire? Vous êtes chrétien, vous avez de l'intelligence, vous craignez Dieu: considérez vous-même ce que je neveux pas dire, et vous trouverez de quels maux vous devez faire pénitence ! J'espère que le Seigneur vous épargne et vous délivre de tous les périls, afin que vous fassiez cette pénitence comme vous le devez; mais il faut écouter ce qui est écrit : « Ne tarde pas à te convertir au Seigneur, ne diffère pas de jour en jour 1 » Vous dites que vous avez de justes motifs d'agir ainsi 2 : je n'en suis pas le juge, puisque je ne puis pas entendre les deux parties; mais, quels que soient ces motifs, qu'il est inutile de chercher ou de discuter en ce moment, pouvez-vous nier devant Dieu que vous n'auriez pas été amené à cette nécessité si vous n'aviez aimé les biens de ce monde, ces biens que vous auriez dû mépriser et compter pour rien en demeurant fidèle serviteur de Dieu, tel que nous vous avions connu auparavant? Ces biens, si on vous les eût offerts, vous auriez pu les prendre pour en user avec piété; vous ne deviez pas, puisqu'on vous les refusait, les chercher de manière à vous laisser réduire à la nécessité où vous êtes. Vous êtes réduit à faire le mal en aimant le bien : peu de mal, à la vérité, par vous, mais beaucoup à cause de vous. Et pendant qu'on craint ce qui est nuisible pour un temps fort court, si toutefois cela peut nuire, on rie recule pas devant ce qui perd véritablement pour l'éternité.