8.
Vous répétâtes de nouveau votre profession de foi d'une voix plus haute, et, dans vos paroles, je n'entendis pas les mots de « Dieu le Fils,» ce que vous n'aviez jamais omis précédemment. Je redemandai encore, mais modestement, que nos paroles fussent recueillies selon nos premières conventions, et je m'appuyai sur ce qui se passait en ce moment même : je vous fis observer que vous ne pouviez pas retenir dans votre mémoire les mots auxquels vous étiez le plus accoutumé, ni les répéter sans omettre quelque chose de nécessaire, et qu'à plus forte raison, ceux qui nous entendaient ne pourraient pas se souvenir de nos paroles, de façon à les rappeler quand vous ou moi nous voudrions revenir sur ce que nous aurions dit : en pareil cas, les greffiers n'auraient qu'à lire pour trancher la question. Ce fut alors que vous dîtes avec dépit « qu'il eût mieux valu que vous ne m'eussiez jamais connu que de réputation, parce que vous me trouviez bien inférieur à ce que la renommée (84) vous avait dit de moi. » Je vous fis souvenir qu'étant allé vous saluer avant le dîner, je vous avais répondu au sujet de cette renommée dont vous me parliez tant, qu'elle mentait sur mon compte, et vous me dites que là-dessus je disais vrai. Ainsi donc, comme il vous a été parlé diversement de moi de deux côtés différents, et que ma renommée vous a tenu un langage, et moi un autre langage, je dois me réjouir que ce ne soit pas elle, mais moi que vous ayez trouvé véridique. Toutefois, il est écrit « que Dieu seul est véritable, et que tout homme est menteur 1, » et je crains ici d'avoir parlé témérairement de moi-même, car lorsque nous sommes véridiques, nous ne le sommes point en nous et par nous-mêmes : la vérité est sur nos lèvres, quand le Dieu qui seul est véritable parle dans ses serviteurs.
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Rom. III, 4, ↩