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Je m'étonne que vous me demandiez de vous écrire quelque. chose sur la diversité des usages religieux en beaucoup de pays; ceci n'est pas nécessaire ; et la bonne règle à suivre est celle-ci : ce qui n'est ni contre la foi, ni contre les moeurs, et porte en même temps à une vie meilleure, nous devons non-seulement ne pas le désapprouver, partout où nous le voyons établir ou établi, mais le louer et l'imiter, si la faiblesse de quelques-uns n'y met point obstacle et n'expose pas à faire plus de mal que de bien. Car, s'il y a plus d'avantages à espérer en faveur des âmes bien disposées que de préjudices à redouter pour les mécontents, il faut suivre sans hésitation l'usage établi, surtout lorsqu'il est autorisé par les Écritures, comme le chant des hymnes et des psaumes : en quoi nous avons les préceptes du Seigneur lui-même, les témoignages et les exemples des apôtres. Sur cette pratique éminemment utile pour exciter pieusement le coeur et allumer le feu du divin amour, il y a diversité de coutumes, et l'Église d'Afrique, sur ce point, nous laisse voir bien des négligences et des langueurs ; aussi, les donatistes nous reprochent de chanter sobrement, dans l'Église, les cantiques des prophètes. Il est vrai qu'eux-mêmes pratiquent, à leur manière, la sobriété, et s'excitent par le vin à chanter des psaumes de leur composition, comme on se ranimerait par le son des trompettes. Quand les chrétiens sont réunis dans l'église, ne faut-il pas chanter toujours les saints cantiques, excepté lorsqu'on prêche, ou qu'on lit, lorsque l'évêque prie à haute voix, ou que la prière commune est annoncée de la bouche du diacre? Car dans le resté du temps je ne vois rien de meilleur, de (71) plus utile et de plus saint pour les chrétiens rassemblés.