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Aussi lorsque ce même Cyprien déplora la chute de beaucoup de chrétiens au milieu de la persécution impie des gentils et des malheurs de l'Eglise, attribuant :ces défaillances à leurs mauvaises moeurs , il se plaignit aussi des moeurs de ses collègues et ne s'en plaignit point en silence; ruais il dit tout haut que telle était la cupidité de ces indignes pasteurs, qu'ils voulaient avoir de l'argent en abondance, acquérir des terres par des moyens frauduleux, accroître leurs revenus par l'usure, et cela pendant que leurs frères avaient faim au sein même de l'Eglise 1 ! Cyprien, je pense, ne fut pas souillé par la cupidité, les fraudes et l'usure de ces pasteurs; il n'eut pas besoin de se séparer d'eux extérieurement, il ne s'en sépara que par la différence de sa vie. Avec eux il toucha l'autel, mais il ne toucha point leur vie impure en les frappant ainsi de son blâme. Car on ne se rapproche de ces désordres que s'ils plaisent; du moment qu'ils déplaisent, on en demeure éloigné. C'est ainsi que cet excellent évêque n'a manqué ni au soin religieux de reprendre les fautes, ni au soin prudent de conserver le liera de l'unité. Dans une lettre adressée au prêtre Maxime, il établit clairement et manifestement, sur le même sujet, cette prescription conforme à la règle des prophètes, qu'on ne doit, en aucune manière, abandonner l'unité de l'Église, à cause des mauvais qui se trouvent mêlés aux bons. « Car, dit-il , quoiqu'ils paraissent être dans l'Eglise comme l'ivraie, notre foi ou notre charité ne doit pas s'en embarrasser; et parce que nous voyons de l'ivraie dans l'Église, il ne faut pas pour cela nous éloigner de 1'Eglise. Travaillons seulement pour que nous puissions être le froment 2. »