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De doctrina Christiana
CAPUT XIX.-- Alias alio utendum dicendi genere.
38. Et tamen cum doctor iste debeat rerum dictor esse magnarum, non semper eas debet granditer dicere, sed submisse, cum aliquid docetur; temperate, cum aliquid vituperatur sive laudatur: cum vero aliquid agendum est, et ad eos loquimur, qui hoc agere debent, nec tamen volunt, tunc ea quae magna sunt, dicenda sunt granditer, et ad flectendos animos congruenter. Et aliquando de una eademque re magna, et submisse dicitur, si docetur; et temperate, si praedicatur; et granditer, si aversus inde animus ut convertatur impellitur. Quid enim Deo ipso majus est? Numquid ideo non discitur? Aut qui docet unitatem Trinitatis, debet nisi submissa disputatione agere, ut res ad dignoscendum difficilis, quantum datur, possit intelligi? Numquid hic ornamenta, et non documenta quaeruntur? numquid ut aliquid agat est flectendus auditor, et non potius ut discat instruendus? Porro cum laudatur Deus sive de seipso, sive de operibus suis, quanta facies pulchrae ac splendidae dictionis oboritur ei qui potest quantum potest laudare, quem nemo convenienter laudat, nemo quomodocumque non laudat! At si non colatur, aut cum illo vel etiam prae illo colantur idola, sive daemonia, sive quaecumque creatura; quantum hoc malum sit, atque ut ab [P. 0107] hoc malo avertantur homines, debet utique granditer dici.
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De la doctrine chrétienne
CHAPITRE XIX. IL FAUT CEPENDANT VARIER LE STYLE.
38. Cependant, bien que l'orateur chrétien M'ait que des sujets relevés à traiter, il ne doit pas toujours employer un style de cette nature. Qu'il prenne le style simple, pour enseigner; le style tempéré, pour louer ou blâmer; et quand il lui faut déterminer à agir un auditeur qui jusques là résiste, qu'il fasse alors jouer les grands ressorts de l'éloquence, et les plus propres à toucher les cœurs. Quelquefois, dans un même sujet relevé, il emploiera le style simple, pour instruire; le style tempéré, pour louer, et le style sublime pour ramener à la vérité un esprit qui en était éloigné. Qu'y a-t-il, par exemple, de plus grand que Dieu? Et cependant n'apprenons-nous pas à le connaître? Pour enseigner l'unité des trois personnes divines, ne doit-on pas se servir d'un style simple, afin que l'intelligence humaine saisisse, autant qu'elle en est capable, un mystère aussi profond? Ne sont-ce pas des preuves, et non des ornements qu'il faut ici? Il ne s'agit pas de toucher l'auditeur, mais de l'instruire et de l'éclairer. D'un autre côté, pour louer Dieu en lui-même ou dans ses ouvrages, quelles peintures brillantes,. quels tableaux magnifiques, s'offrent à l'homme qui consacre toutes ses facultés à bénir Celui qui est au-dessus de toute louange, et que tout être loue néanmoins à sa manière! Et enfin si l'orateur voit que Dieu n'est pas honoré, ou qu'on adore avec lui, ou à sa place, des idoles, des démons ou d'autres créatures, alors qu'il s'élève au style sublime, pour faire ressortir l'énormité d'un tel désordre, et en détourner les hommes.