Edition
Hide
De doctrina Christiana
CAPUT VII.-- Servitus gentium sub signis inutilibus.
[P. 0070]Et si quando aliqui eorum illa tanquam signa interpretari conabantur, ad creaturam colendam venerandamque referebant. Quid enim mihi prodest simulacrum, verbi gratia, Neptuni non ipsum habendum Deum, sed eo significari universum mare, vel etiam omnes aquas caeteras, quae fontibus proruunt? sicut a quodam poeta illorum describitur, si bene recolo, ita dicente: Tu, Neptune pater, cui tempora cana crepanti Cincta salo resonant, magnus cui perpete mento Profluit oceanus, et flumina crinibus errant. Haec siliqua intra dulce tectorium sonantes lapillos quatitª non est autem hominum, sed porcorum cibus. Novit quid dicam, qui Evangelium novit 1. Quid ergo mihi prodest quod Neptuni simulacrum ad illam significationem refertur, nisi forte ut neutrum colam? tam enim mihi statua quaelibet, quam mare universum, non est Deus. Fateor tamen altius demersos esse, qui opera hominum deos putant, quam qui opera Dei; sed nobis unus diligendus et colendus Deus praecipitur 2, qui fecit haec omnia, quorum illi simulacra venerantur, vel tanquam deos, vel tanquam signa et imagines deorum. Si ergo signum utiliter institutum pro ipsa re sequi, cui significandae institutum est, carnalis est servitus; quanto magis inutilium rerum signa instituta pro rebus accipere? Quae si retuleris ad ea ipsa quae his significantur, eisque colendis animum obligaveris, nihilominus servili carnalique onere atque velamine non carebis.
Translation
Hide
De la doctrine chrétienne
CHAPITRE VII. CULTE DES IDOLES ET DES CRÉATURES.
11. Ce fait ne s'est produit nulle part dans l'Eglise des Gentils, parce que, regardant comme des dieux les idoles, ouvrages de leurs mains, ils étaient plus éloignés de la lumière de la vérité. Et si parfois le paganisme a cherché à présenter les idoles comme de. simples figures, toujours il les a rapportées au culte et à l'adoration de la créature. Qu'importe, par exemple, que la statue de Neptune ne soit pas regardée comme un Dieu, s'il faut y voir l'image de la mer, ou de toutes les eaux qui jaillissent des fontaines, suivant cette description qu'en fait un de ses poètes, si .j'ai bonne mémoire :
Père des eaux dont la couronne
Se forme du cristal qui sur ton front résonne ;
Toi qui de ton menton large et majestueux,
Vois couler à grands flots la mer qui t'environne,
Et les fleuves errants sortir de tes cheveux.
(CLAUDIEN.)
1?
Sous cette douce enveloppe de la cosse qu'y a-t-il, sinon de petits grains qui raisonnent? C'est la nourriture des pourceaux et non des hommes. Celui-là me comprend qui connaît l'Evangile 2. A quoi bon me présenter l'idole de Neptune comme l'image des eaux, sinon peut-être pour, que je n'adore ni l'un ni l'autre? La mer entière n'est pas plus un Dieu à mes yeux, que quelque statue que ce soit. Sans doute ceux qui ont érigé en divinités les ouvrages des hommes, sont tombés plus avant d'ans l'abîme de l'erreur, que ceux qui ont adoré les oeuvres de Dieu. Quant à nous, nous n'avons à aimer et à adorer qu'un seul Dieu 3, auteur de toutes les créatures, dont les païens vénéraient les figures comme autant de divinités, ou comme des signes et des images qui les représentent. Or , si prendre pour la réalité un signe véritablement utile dans sa fin, est déjà une servitude indigne de l'homme, que dire, quand on s'arrête à des figures de choses futiles comme à autant de réalités? Et quand même on ne verrait dans ces images que les objets qu'elles représentent , vouer à ces objets un culte religieux, n'est-ce pas toujours se courber sous le joug d'une erreur et d'une servitude avilissantes?