23.
Ainsi la vie devient charnelle et terrestre, ce qui la fait désigner aussi sous les noms de chair et de terre : tant qu'elle sera telle jamais l'âme ne pourra prétendre au royaume céleste, l'objet même de ses affections lui sera enlevé. Elle aime, en effet, ce qui est inférieur à la vie, la matière qui devient corruptible en punition du péché même, et, eu répandant ainsi ses affections, elle abandonne Celui qui l'aime. N'est-ce point pour un amour semblable que le premier homme abandonna Dieu? Car il négligea le commandement de Celui qui lui disait : Mange de ce fruit et non de cet autre'. Il est donc entraîné vers son châtiment, car puisqu'il aime les objets de classe inférieure, l'ordre lui assigne sa place dans les enfers avec la soif de ses plaisirs et toutes les douleurs. Qu'est-ce, en effet, que la douleur du corps, sinon l'altération soudaine de la santé dans les organes par la faute de l'âme qui en a fait un usage coupable? Et la douleur de l'âme est-elle autre chose que la privation des créatures périssables dont elle jouissait ou dont elle espérait jouir? Ainsi s'explique l'existence de tout ce qu'on appelle mal, c'est-à-dire du péché et de la peine du péché. 1
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Gen. II, 16, 17. ↩