48.
« Et le Seigneur dit à la femme: Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit: Le serpent m'a séduite et j'ai mangé du fruit. » Eve non plus ne reconnaît pas sa faute et la rejette sur un autre : c'est le même orgueil dans les deux sexes. Voilà pourtant les ancêtres de celui qui, éprouvé par une foule de disgrâces, s'est écrié, sans imiter leur orgueil, et s'écriera jusqu'à la fin des siècles : « J'ai dit : Seigneur ayez pitié de moi; guérissez mon âme, car j'ai péché contre vous 1. » Qu'il eût mieux valu pour eux tenir ce langage! Mais Dieu n'avait point encore brisé la tête des pécheurs 2. Il fallait attendre les afflictions, les horreurs de la mort, les angoisses des générations, la grâce qu'au moment opportun Dieu enverrait aux hommes, après leur avoir appris dans les souffrances à ne point présumer de leurs forces. « Le serpent m'a séduite. » Fallait-il donc préférer au commandement de Dieu le conseil de qui que ce fût ?