CHAPITRE XXXII.
1. Consurrexit populus in Aaron, et dixerunt ei 1. ; c'est là une locution très-commune, qui s'explique facilement, si l'on considère que le peuple se compose de plusieurs individus. Il faut remarquer encore que le tout a été mis pour la partie; car l'Apôtre rapportant ce fait comme il s'est passé, ne rejette pas sur le peuple tout entier la responsabilité de cette faute, mais seulement sur quelques Israëlites, puisqu'il dit : « Ne soyons pas adorateurs des idoles, comme l'ont été plusieurs d'entre eux 2. »
Ibid. « Lève-toi, et fais-nous des dieux qui marchent devant nous. » Aaron aurait-il été assis, lorqu'on lui parlait ainsi? ou ne faut-il pas plutôt voir dans ces mots une simple locution ? On en rencontre souvent de semblables .dans l'Écriture, par exemple : « Levez-vous, Seigneur 3, » et encore : « Levez-vous, ô Dieu, et jugez la terre 4. »
10. Et nunc sine me, et iratus ira 5; c'est la même locution que morte morietur 6 : cette forme plaît à l'écrivain sacré.
24. Cui sunt aurea demite 7 : On ne dit pas à quels objets se rapporte aurea,: aussi les interprètes latins ont mis : qui habet aurum demat. 26. Quis ad Dominum, veniat ad me 8.
31. « Ils se sont fait des dieux d'or; » et cependant il n'y avait qu'un veau d'or : le pluriel est donc mis pour le singulier. C'est dans le même sens qu'il faut prendre ces autres paroles: «Voici, ô Israël vos dieux, qui vous ont tiré de l'Egypte 9. » Ce genre de locution, où le pluriel est mis pour le singulier, n'est reçu que quand il peut y avoir ou qu'on peut se représenter plusieurs objets semblables à celui dont on parle. Ainsi, de ce que les Israëlites n'aient fait qu'un veau d'or, il ne s'ensuit pas, ni qu'ils n'aient pu en faire plusieurs, ni que ce veau ne ressemblât pas à un grand nombre d'idoles. Il est dit pareillement que les voleurs insultèrent le Seigneur 10, tandis qu'il est certain, d'après un autre évangéliste, qu'un seul a blasphémé 11; mais ce voleur n'était pas non plus le seul de son espèce. Même, quand cette locution s'applique à des noms propres, ce dont nous n'avons pas encore trouvé d'exemple dans l'Ecriture, il faut que ces noms puissent désigner plusieurs personnes : ainsi certains auteurs ont pu dire « les Phèdres et les Médées, » bien que l'on ne connaisse qu'une femme du nom de Phèdre, et une du nom de Médée, parce que sous ces deux noms ils entendaient toutes les personnes semblables à Phèdre et à Médée. On le voit, ces sortes de locutions ne s'emploient pas sans motif et sans discernement, comme des écrivains dépourvus de talents pourraient le faire contrairement au bon goût; mais elles sont soumises à certaines conditions et à des règles précises.
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Le peuple s'éleva contre Aaron, et lui dit. ↩
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I ad Cor. X, 7. ↩
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Ps, XLIII, 26. ↩
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Ib. LXXXI, 8. ↩
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Et maintenant laisse-moi faire, il faut que je fasse éclater ma colère. ↩
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Il sera puni de mort. ↩
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Si quelqu'un a de l’or, qu'il le donne. ↩
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Si quelqu’un est au Seigneur, qu'il se joigne à moi. ↩
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Ibid. 4. ↩
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Matt. XXVII, 44. ↩
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Luc, XXIII, 38. ↩