CLXXII. (Ib. XXXV, 2.)
Sur le Sabbat. — Lorsque Moïse est descendu de la montagne, il recommande les travaux relatifs à la construction du tabernacle et au vêtement sacerdotal; mais, avant de donner aucun ordre pour ces ouvrages, il parle au peuple de là sanctification du Sabbat. Il vient de recevoir les dix paroles de la Loi consignées sur les nouvelles tables de, pierre, qu'il a taillées et gravées lui-même; ce n'est donc pas à tort qu'on demande pour quel motif, une fois descendu de la montagne, il entretient le peuple du Sabbat exclusivement. S'il ne fut pas nécessaire de publier de nouveau, devant le peuple, les dix commandements de la Loi, pourquoi cette exception en faveur du sabbat, qui compte au nombre de dix préceptes ? N'y aurait-il pas ici quelque chose de semblable à ce voile dont Moïse se couvrit le visage, parce que les enfants d'Israël ne pouvaient en supporter l'éclat? En effet, des dix commandements, c'est le seul qui ait été prescrit d'une manière figurative; quant aux neuf autres, nous ne doutons aucunement qu'ils ne nous obligent encore sous la Loi nouvelle, tels qu'ils ont été formulés. Il n'y a que le précepte du Sabbat qui fut voilé pour les Israëlites par l'observation symbolique du septième jour; ce précepte était mystérieux et figuratif, à ce point que nous ne sommes pas tenus maintenant de l'observer, mais que nous devons tenir compte uniquement de sa signification. Or, ce repos qui exclut les oeuvres serviles, est l'image des abîmes profonds de la grâce divine. Car les bonnes oeuvres s'opèrent en repos, quand « la foi agit par l'amour 1: » la crainte au contraire, porte avec soi son supplice, et quel repos est compatible avec ce supplice? La crainte n'est donc pas avec la charité 2, et « la charité a été répandue dans nos coeurs par l'Esprit-Saint, qui nous a « été donné 3. » C'est pourquoi « le repos du sabbat est saint devant le Seigneur 4; » c'est-à-dire qu'il faut l'attribuer à la grâce de Dieu, et non pas à nous, comme venant de nous. Sans quoi nos couvres seront tout humaines, ou coupables, ou bien s'inspireront de la crainte et non de l'amour, et par conséquent deviendront serviles et ne procureront point le repos. La plénitude du sabbat aura sa réalité dans le repos éternel. Et ce n'est pas sans raison que fut institué le grand Sabbat 5.