XXXVI.
« Car la femme qui est soumise à un mari, le mari vivant, est liée par la loi; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari 1. » etc. Il faut remarquer qu'il y a une différence entre cette comparaison et le sujet auquel elle est appliquée. L'Apôtre suppose que le mari vient à mourir et alors son épouse, délivrée de tout engagement, peut donner sa main à qui elle veut. D'autre part, l'épouse dans la pensée de l'Apôtre représente notre âme; le mari représente les passions mauvaises, qui travaillent dans nos membres pour leur faire porter des fruits de mort, c'est-à-dire pour engendrer avec eux une race digne d'une telle union ; enfin la loi du mari représente la Loi qui a été donnée non pour faire cesser le péché à l'avenir ou pour en délivrer les hommes, mais pour le faire connaître avant la grâce ; et d'où il est arrivé que les hommes placés sous cette Loi ont été entraînés au mal par des inclinations plus violentes et que leurs iniquités se sont accrues de toute la malice du péché de prévarication. Cependant quoique, dans ces trois termes de comparaison, l'âme soit représentée par l'épouse, les passions mauvaises par le mari et la Loi ancienne par la loi conjugale, saint Paul ne dit point que les péchés meurent, comme le mari, et qu'alors l'âme devient libre; suivant lui au contraire, c'est l'âme elle-même qui meurt au péché et qui se trouve ainsi délivrée de la Loi, lorsque réellement elle est morte au péché, quoique le péché lui-même soit pour ainsi dire encore vivant en elle : comme il arrive lorsque, les inclinations mauvaises et le foyer de la concupiscence subsistant encore en nous, au lieu d'y consentir et de les suivre, nous observons par l'esprit la loi de Dieu, parce que nous sommes morts au péché. Le péché ne mourra que quand notre corps aura subi dans sa résurrection cette réformation dont saint Paul dit plus loin : « Dieu vivifiera aussi vos corps mort tels par l'Esprit qui demeure en vous 2. »