LXXIX.
« Qui es-tu, pour juger le serviteur d'autrui 1?» S'agit-il de choses que l'on peut faire avec une bonne ou avec une mauvaise intention ? L'Apôtre veut que nous en laissions le jugement de Dieu; il ne souffre pas que nous ayons la hardiesse de juger le coeur d'un autre, que nous ne voyons pas. S'agit-il au contraire, de choses qui évidemment et sans qu'on puisse les interpréter autrement, sont incompatibles avec une intention droite et chaste? Saint Paul ne nous condamne pas, si nous les jugeons. Ainsi en parlant des aliments, il veut que nous laissions à Dieu seul le jugement des autres sur ce point, parce nous ne connaissons pas l'intention d'autrui; mais par rapport au crime abominable que commit un fils avec la femme de son père, il ordonne que ce crime soit jugé 2. Le coupable ne pouvait pas dire qu'il avait commis avec bonne intention une infamie si monstrueuse. Conséquemment toute action dont il est manifestement impossible de dire : je l'ai faite dans une bonne intention, est soumise à notre jugement; mais nous devons réserver au jugement de Dieu, sans les juger nous-mêmes, celles qui sont faites avec des intentions que nous ne connaissons pas; comme il est écrit: « A Dieu ce qui vous est caché, et à vos enfants ce qui ne l'est pas 3. »