LXXX.
« L'un juge suivant la succession des jours; l'autre suivant tous les jours, 1 . » A part toute interprétation meilleure, il me semble pour le moment que l'Apôtre ne parle pas ici de deux hommes, mais de l'homme et de Dieu. Celui qui juge suivant la succession des jours, c'est l'homme : car notre jugement peut demain être tout différent de ce qu'il est aujourd'hui; c'est-à-dire qu'après avoir. aujourd'hui condamné quelqu'un, avec preuve ou sur son propre aveu, demain, lorsqu'il se sera corrigé, nous pourrons le trouver homme de bien; et, après avoir loué aujourd'hui la justice d'un autre, demain nous le trouverons peut-être pervers. Mais celui qui juge suivant tous les jours, c'est Dieu: car il connaît non-seulement les dispositions présentes de chacun, mais aussi ses dispositions futures pour chacun des jours de sa vie. Donc, ajoute saint Paul, « que chacun abonde dans son intelligence : » c'est-à-dire que chacun, dans ses jugements, respecte les limites assignées à l'intelligence humaine, à la sienne en particulier. « Celui, dit-il, qui apprécie sagement le jour, plait au Seigneur : » c'est-à-dire par cela même qu'il juge bien le jour présent, il plaît au Seigneur. Mais bien juger suivant le jour, c'est savoir qu'il ne faut point désespérer pour l'avenir, de la conversion de celui dont tu condamnes présentement la faute évidente.
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Rom. XIV, 5, 6. ↩