16. Les oeuvres de la Loi ne sauraient justifier.
Les Juifs avaient donné aux Gentils le nom de pécheurs, c'était par suite de leur orgueil invétéré ; mais en se croyant justes, ils voyaient la paille dans l'oeil d'autrui, et dans le leur ils ne voyaient pas la poutre. Se conformant donc à leur usage, l'Apôtre dit : « Nous sommes, nous, Juifs de naissance et non pécheurs d'entre les Gentils ; » et non de ceux qu'ils appellent pécheurs, quoiqu'eux-mêmes le soient. Eh bien ! nous qui sommes Juifs de naissance, » puisque nous n'étions point Gentils, de ceux qu'eux-mêmes appellent pécheurs et.qui, pourtant sommes pécheurs aussi, « nous croyons au Christ Jésus, pour être justifiés par la foi au Christ. » Auraient-ils cherché la justification, s'il n'eussent été pécheurs? Ou le sont-ils devenus pour avoir cherché leur justification dans le Christ ? De fait ils auraient péché si étant justes ils avaient cherché ailleurs la justice. Mais s'il en est ainsi, « le Christ n'est-il donc pas ministre du péché?» Les Judaïsants même ne sauraient l'admettre, puisque tout en s'opposant à ce qu'on livrât l'Evangile aux Gentils qui ne se faisaient pas circoncire, eux-mêmes avaient cru en Jésus-Christ. Aussi c'est en leur nom comme au sien qu'il répond : « Nullement. »
L'Apôtre voulait donc anéantir l'orgueil qui se glorifiait des oeuvres de la Loi; cet orgueil devait et pouvait disparaître, car eût-on compris la nécessité de la grâce de la foi, si l'on avait regardé les oeuvres légales comme capables de, justifier sans elle ? On est donc prévaricateur si on les rétablit sous le prétexte qu'elles justifient sans la grâce et l'on tend à faire de Jésus-Christ le ministre du péché. A ces mots : « Si je rétablis ce que j'ai détruit, je me constitue moi-même prévaricateur 1, » on pouvait objecter à l'Apôtre : Comment ! c'est en appuyant aujourd'hui la foi du Christ que tu attaquais auparavant, que tu te constitues prévaricateur ? Mais jamais il ne l'a détruite, puisqu'elle est indestructible.
Ce qu'il détruisait réellement, ce qu'il s'attachait constamment à détruire, c'était ce maudit orgueil qui pouvait être anéanti. Aussi n'était-il pas prévaricateur lorsque après avoir essayé de repousser-ce qu'il croyait faux, il s'est aperçu ensuite que. cela était vrai, indestructible et qu'il s'y est attaché pour sa propre sanctification; mais il eût été prévaricateur si après avoir rejeté une erreur réelle, ce qu'il est permis de détruire, il l'enseignait de nouveau.
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Ib. 16-18. ↩