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Works Augustine of Hippo (354-430) Epistulae ad Galatas expositio Commentaire de l'Épître aux Galates

22. Le Christ devenu malédiction pour nous 1.

Aussi pour en affranchir les croyants, Jésus-Christ Notre-Seigneur n'a-t-il pas accompli à la lettre quelques unes de ces observances; et ses disciples ayant rompu, le jour même du sabbat, des épis pour apaiser leur faim, il répondit à ceux qui s'en scandalisaient que le Fils de l'homme était le Maître du sabbat même 2. Ce fut en n'observant pas à la lettre ces sortes de pratiques qu'il alluma contre lui la haine des hommes charnels ; et s'il accepta le châtiment dont étaient menacés ceux qui n'accomplissaient pas ces observances légales, ce fut pour affranchir les siens de la peur de ce supplice. A cela se rapportent les paroles suivantes de l'Apôtre : «Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en devenant malédiction pour nous, car a il est écrit : Maudit quiconque est pendu au bois. » Pour qui comprend cette pensée dans le sens spirituel, elle est un symbole d'affranchissement. La prend-on dans le sens littéral c'est le joug et l'esclavage, si on est juif; un voile d'aveuglement, si on est païen ou hérétique. Il est vrai, quelques-uns des nôtres, trop peu versés dans la science des Ecritures, ont une frayeur exagérée à la vue de cette phrase; et tout en -recevant les livres de l'ancien Testament avec la piété qui leur est due, ils ne croient pas que ces paroles s'appliquent au Seigneur, mais au traître Judas. Aussi, remarquent-ils, il n'est pas écrit : « Maudit quiconque » est attaché au bois, mais : « est pendu au bois; » ce qui ne se rapporte pas au Seigneur, mais à ce misérable qui s'est pendu. C'est se tromper étrangement et ne pas considérer qu'on s'en prend à l'Apôtre même, car c'est lui qui dit : « Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en devenant malédiction pour nous ; car il est écrit : « Maudit quiconque est pendu au bois. » Ainsi, c'est bien Celui qui s'est fait malédiction pour nous qui a été pendu au bois; autrement c'est le Christ, le Christ qui nous a rachetés de la malédiction de la Loi, afin que nous n'allions plus chercher avec crainte la justice dans les œuvres de la Loi, mais dans la foi qui nous attache à Dieu et qui agit, non par crainte mais par amour. Car l'Esprit-Saint, qui a dit cela par la bouche de Moïse, a également établi que la crainte des châtiments visibles contiendrait les hommes tant qu'ils ne pourraient vivre encore de la foi aux choses invisibles, et qu'ils seraient délivrés de cette crainte lorsque se chargerait du supplice redouté Celui qui en ôtant la crainte pourrait la remplacer parla charité.

Si l'Ecriture appelle maudit le Pendu au gibet, il ne faut pas considérer ce terme comme un outrage pour le Seigneur. En effet c'est sa nature mortelle qui y a été suspendue. Or les croyants savent d'où vient en nous la mortalité: elle vient de la condamnation et de la malédiction jetées sur le péché du premier homme; c'est donc un châtiment dont le Seigneur s'est chargé lorsqu'il a porté sur le gibet nos propres iniquités 3. Si maintenant on nous disait : La mort est maudite, nul ne frémirait. Or, n'est-ce pas en quelque sorte la mort du Seigneur qui a été suspendue à la croix, quand il a voulu par sa mort triompher de la mort? Ainsi c'est la mort qui est tout à la fois et maudite et vaincue. Si l'on disait également : Le poché est maudit, nul ne s'en étonnerait. Or, n'est-ce pas le péché du vieil homme qui a été également attaché à la croix, quand pour l'amour de nous le Seigneur s'en est chargé dans sa chair mortelle? Aussi l'Apôtre n'a-t-il pas rougi de dire que pour nous Dieu l'a fait péché, « afin, ajoute-t-il, de condamner le péché par le péché même 4. » Car notre vieil homme n'aurait pas été crucifié alors, comme s'exprime ailleurs le même Apôtre, si cette mort du Sauveur ne nous montrait crucifiée la ressemblance de notre chair de péché, afin que ce corps de péché soit détruit, et que nous ne soyons plus désormais esclaves du péché 5. C'était pour figurer ce péché et cette mort que déjà Moïse éleva au désert le serpent d'airain sur une espèce de gibet 6. Voici pourquoi : c'est à la persuasion du serpent que l'homme est tombé et a été condamné à mort. Ne convenait-il donc pas que pour figurer cette condamnation à mort le serpent même fût attaché et élevé sur l’instrument du supplice? C'était un symbole expressif de la mort du Seigneur sur la croix. Or qui frémirait encore si on disait : Maudit le serpent suspendu au gibet? Il est bien vrai pourtant que ce serpent était l'emblème de la mort corporelle du Seigneur, et le Seigneur lui-même a expliqué ainsi ce symbole mystérieux. « De même, a-t-il dit, que Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi doit être élevé le Fils de l'homme sur la terre 7. » Nul, ne dira que c'était dans l'intention d'outrager le Seigneur que Moïse fit élever ce serpent; il savait que de la croix devait découler si abondamment le salut des hommes, que pour en mieux donner l'idée il fit dresser sur le gibet un serpent dont la vue devait guérir aussitôt quiconque allait mourir après avoir été blessé par des serpents réels. Si de plus ce serpent mystérieux était d'airain, c'était pour désigner la foi durable à la passion du Sauveur; attendu que le peuple même dit fait d'airain ce qui subsiste longtemps. Ah! si les hommes oubliaient, si la mémoire des siècles ne rappelait plus que le Christ est mort pour le salut des hommes, ceux-ci mourraient véritablement; mais aujourd’hui la foi en sa passion est comme une foi d'airain, et quoique sur la terre les uns meurent pour faire place aux autres, tous peuvent contempler au dessus d'eux cette grande croix dont la vue rend la santé.

Est-il donc étonnant que le Sauveur ait triomphe de la malédiction même, comme il a triomphé de la mort par la mort, du péché par le péché et du serpent par le serpent ? La mort est maudite, le péché est maudit, maudit est le serpent : tout cela a été vaincu sur la croix. «Maudit » donc aussi « quiconque est pendu au bois. » Donc également, comme ce n'est point par les oeuvres de la Loi mais par la foi que le Christ justifie ceux qui croient en lui, c'en est fait de la crainte de la malédiction jetée sur la croix; et ce qui reste aux gentils, c'est l'amour des bénédictions répandues sur Abraham pour le récompenser de ses grands exemples de foi. Afin, continue l'Apôtre, que nous recevions, « par la foi l'Evangile de l'Esprit; » en d'autres termes, afin qu'on annonce aux croyants, non ce que redoute la chair, mais ce qu'aime l'esprit.


  1. Gal. III, 13, 14.  ↩

  2. Matt. XII, 1-8. ↩

  3. I Pierre II, 24. ↩

  4. Rom. VIII, 3.  ↩

  5. Ib. VI, 6.  ↩

  6. Nomb. XXI, 9.  ↩

  7. Jean, III, 14. ↩

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Commentaire de l'Épître aux Galates

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