• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Epistulae ad Galatas expositio Commentaire de l'Épître aux Galates

40. Les Juifs, les catholiques et les hérétiques figurés dans la famille d'Abraham 1.

« Dites-moi, vous qui voulez être sous la Loi, n'avez-vous par connaissance de la Loi ? » Ce qu'ajoute ensuite l'Apôtre sur les deux fils d'Abraham se comprend aisément; car il interprète lui-même cette allégorie. Abraham avait donc ces deux fils pour figurer les deux Testaments ; mais à la même allégorie n'ont plus rapport ceux qu'il eut d'une autre épouse après la mort de Sara. Voilà pourquoi plusieurs de ceux qui ne connaissent pas le livre de la Genèse n'imaginent, en lisant l'Apôtre, que le patriarche n'eut que deux enfants. Mais si saint Paul ne fait mention que des deux premiers, c'est qu'Abraham n'avait encore que ceux-là quand il était question pour eux de symboliser ce que dit l'Apôtre ; le voici. L'enfant né de la servante nommée Agar représente l'ancien Testament, ou plutôt le peuple de l'ancien Testament, qui se courbait sous le joug servile des observances charnelles et à qui étaient adressées des promesses terrestres qui éloignent de l'héritage spirituel et du patrimoine céleste ceux qui s'y attachent et qui n'attendent pas de Dieu autre chose. Pour être l'emblème du peuple qui hérite du nouveau Testament, il ne suffit pas qu'Isaac soit né d'une mère libre, il faut surtout qu'il soit né d'après la promesse. Peu importait que l'ancien peuple naquit, selon la chair, d'une servante ou d'une femme libre telle que fut Cethura, qu'épousa dans la suite Abraham et qui lui donna des enfants ;qui n'étaient pas des enfants de la promesse 2. Ce qui distingue Isaac, c'est qu'il naquit miraculeusement, selon la promesse que Dieu en avait faite, et lorsque son père et sa mère étaient fort avancés en âge.

Voudrait-on, encouragé par l'exemple de l'Apôtre qui prend si manifestement pour des personnages figuratifs les deux premiers fils d'Abraham, examiner ce que les fils de Cethura pouvaient symboliser aussi dans l'avenir, car ce n'est pas en vain assurément, qu'on a écrit ces faits accomplis sous la direction de l'Esprit-Saint ? On découvrira sans doute que ces fils de Cethura représentent d'avance les schismes et les hérésies. A la vérité leur mère était libre, comme l'Eglise d'où sont sortis les schismatiques et les hérétiques; mais ils sont nés d'une manière charnelle, et non d'une manière spirituelle ni en vertu d'aucune promesse. Dès lors ils ne sont point héritiers, héritiers de la Jérusalem céleste , que l'Ecriture appelle stérile, pour avoir été longtemps sans engendrer des enfants sur la terre; que la même Ecriture appelle aussi délaissée, parce que avides de biens terrestres les hommes oubliaient la céleste justice, au lieu que la Jérusalem céleste, qui avait reçu la Loi, possédait en quelque sorte un époux.

Aussi Sara figure-t-elle la Jérusalem du ciel, parce qu'ayant reconnue sa stérilité, Abraham fut longtemps éloigné de son lit. Des hommes du mérite d'Abraham ne s'approchaient point de leurs femmes pour satisfaire une ignoble passion, mais uniquement pour perpétuer leur famille. Et quand à la stérilité de Sara fut venue se joindre la vieillesse, il n'y avait plus absolument d'espoir à nourrir ; mais aussi quel mérite d'ajouter foi alors à la promesse divine !Assuré donc de cette promesse, Abraham s'approcha, pour accomplir le devoir de la génération, de cette épouse chargée d'années, avec qui il avait cessé tout rapport charnel quand elle était dans la vigueur de l'âge. Et c'est uniquement la cessation de ces rapports qu'il faut voir dans ce texte du prophète cité par l'Apôtre interprétant l'allégorie de Sara et d'Agar : « Les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de celle qui a un mari; » car Sara est morte avant Abraham et jamais entre eux il n'y eut divorce. Comment dire que l'une était délaissée et que l'autre avait un mari, sinon pour rappeler qu'afro d'avoir des descendants Abraham remplissait auprès d'Agar, qui était sa servante et qui était féconde, le devoir que l'empêchait de remplir auprès de son épouse la stérilité de Sara ? C'était toutefois avec l'autorisation et d'après même l'offre spontanée de Sara que le patriarche demandait des enfants à sa servante. Voici en effet une antique règle de justice que rappelle l'Apôtre en écrivant aux Corinthiens : « La femme n'a pas puissance sur son corps, c'est le mari; le mari de même n'a pas puissance sur son corps, c'est la femme 3. » Cette obligation, comme les autres, dépend de celui à qui elle est due; et respecter ici le droit d'autrui, c'est garder la chasteté conjugale. Quant à la vieillesse des parents d'Isaac, elle rappelle que si jeune que puisse être le peuple du nouveau Testament, sa prédestination dans la pensée de Dieu, et la Jérusalem du ciel sont fort anciennes. Voilà pourquoi saint Jean écrivait aux Parthes : « Je vous écris, pères, parce que vous avez connu ce qui était dès le commencement 4. »

Pour les membres charnels de l'Eglise qui forment les schismes et les hérésies, il est vrai qu'ils ont pris dans l'Evangile un prétexte pour les faire naître ; mais l'erreur charnelle où ils ont pris naissance. et qu'ils emportent avec eux est étrangère à l'antique vérité ; aussi sont ils nés, en quelque sorte, d'une mère toute jeune et d'un vieux père, en dehors de toute promesse . N'est-ce pas pour représenter l'antiquité de la vérité que le Seigneur se montre dans l'Evangile avec des cheveux blancs 5 ? Ainsi c'est à l'occasion de quelque antique vérité que ces sectaires se sont formés et sont nés en quelque sorte dans la nouveauté de leurs erreurs éphémères.

En résumé, l'Apôtre enseigne que, comme Isaac, nous sommes les enfants de la promesse, et que la persécution d'Ismaël contre Isaac ressemble aux persécutions soulevées contre les chrétiens véritables par les Juifs charnels. Ces persécutions toutefois n'aboutissent pas, attendu que d'après l'Ecriture la servante doit être chassée avec son fils, sans pouvoir hériter avec l'enfant de la femme libre. « Pour nous, poursuit saint Paul, nous ne sommes pas, mes frères, les enfants de la servante, mais les enfants de la femme libre. » Or, c'est cette liberté que maintenant surtout il faut opposer à la servitude des oeuvres de la Loi, dont le joug pesait sur les faux docteurs qui poussaient les Galates à se faire circoncire.


  1. Ib. 21-31. ↩

  2. Gen. XXV, 1, 2. ↩

  3. I Cor. VII, 4.  ↩

  4. I Jean, II, 18. ↩

  5. Apoc. 1, 14. ↩

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Download
  • docxDOCX (79.20 kB)
  • epubEPUB (71.18 kB)
  • pdfPDF (265.39 kB)
  • rtfRTF (220.76 kB)
Translations of this Work
Commentaire de l'Épître aux Galates

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy