49. Les oeuvres de l'esprit 1.
Il était naturel qu'après avoir rappelé ces œuvres de la chair, auxquelles est fermé le royaume de Dieu, il rappelât aussi les œuvres de l'esprit, qu'il nomme les fruits de l'esprit. « Au contraire, dit-il donc, les fruits de l'esprit sont : la charité, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la foi, la mansuétude, la tempérance. » Il ajoute : « Contre de pareilles choses il n'y a point de loi; » c'est pourrions faire comprendre que nous sommes sous la Loi, si ces vertus ne règnent pas en nous. Y règnent-elles? Nous usons légitimement de la Loi, car la Loi n'est pas alors destinée à nous réprimer; du reste la justice a pour nous des charmes meilleurs et plus puissants. Voici en effet ce que saint Paul écrit à Timothée : « Nous savons que la Loi est bonne, si on en use légitimement ; reconnais que la Loi n'est pas imposée au juste, mais que c'est aux injustes et aux insoumis, aux impies et aux pécheurs, aux scélérats et aux débauchés, aux assassins de père ou de mère, aux homicides, aux fornicateurs, aux sodomites, aux voleurs d'esclaves, aux menteurs, aux parjures et aux autres coupables que condamne la saine doctrine 2; » sous-entendez ici : que la Loi est imposée. Ainsi donc, les fruits de l'esprit règnent dans un homme, quand en lui ne règnent pas les péchés. Or ces fruits excellents y règnent quand ils charment assez pour retenir le coeur au moment des tentations et pour l'empêcher de tomber en consentant au péché. Il est nécessaire en effet que nous agissions conformément à ce qui nous charme le plus. Exemple : Voici devant quelqu'un l'image d'une belle femme, elle provoque des mouvements charnels ; mais si la beauté intime, si la pureté de la chasteté nous charme davantage, nous y conformons alors notre vie et nos oeuvres, avec la grâce que donne la foi au Christ ; et le péché ne régnant plus en nous jusqu'à nous faire céder à ses impressions, la justice au contraire y exerçant son empire, nous faisons avec plaisir tout ce que nous savons être agréable à Dieu dans cette vertu. Ce que j'ai dit de la chasteté et du vice contraire, j'ai entendu qu'on l'applique à tous les autres cas.