54. La vie de l'esprit 1.
« Si nous vivons par l'esprit, poursuit saint Paul, recherchons aussi par l'esprit. » Il est évident que notre vie est en rapport avec ce que nous recherchons, et que nous rechercherons ce que nous aimerons. Par conséquent si se trouvent en présence, d'une part ce que commande la justice, d'autre part ce qui flatte les penchants charnels et qu'on aime l'un et l'autre, on se portera à ce qu'on aimera davantage. L'attrait est-il égal? On ne se portera à rien, mais on sera entraîné quelque part par la crainte ou même malgré soi. La crainte aussi est-elle égale ? On restera sûrement exposé au danger, flottant alternativement au souffle de l'amour et au souffle de la crainte. Ah ! que la paix du Christ l'emporte alors dans nos coeurs 2.
Car en ce cas nous prierons, nous gémirons, nous appellerons à notre aide la main secourable de la divine miséricorde, et Dieu ne méprisera point le sacrifice de nos coeurs contrits, et en nous montrant l'horrible danger dont il nous aura délivrés, il accroîtra en nous les feux de son amour. L'erreur des faux frères, c'est que dans l'impossibilité de nier qu'ils dussent rechercher l'Esprit-Saint, l'auteur et le guide de leu liberté, ils ne croyaient pas qu'ils travaillaient à reculer, en revenant charnellement aux oeuvres serviles. Aussi l'Apôtre ne dit-il pas : « Si nous « vivons par l'esprit, » recherchons l'esprit, mais « Recherchons par l'esprit.» Ils étaient d'accord qu'on est obligé d'obéir à l'Esprit-Saint; mais ils voulaient s'attacher à lui, non par leur esprit, mais par la chair, non pas en recherchant la grâce de Dieu par des moyens spirituels, mais en mettant l'espérance de leur salut dans la circoncision charnelle et les autres observances du même genre.