9.
« Tous mes ennemis tenaient contre moi le même langage1 ». Ils tenaient le même langage contre moi; combien eût-il été mieux qu’ils tinssent un même langage avec moi? Qu’est-ce à dire : « Le même langage contre moi? » ils formaient tous le même dessein, la même conspiration. C’est donc le Christ qui leur dit : Vous vous unissez contre moi, unissez-vous à moi. Pourquoi contre moi? pourquoi pas avec moi? Si vous aviez toujours le même sentiment, vous ne seriez point déchirés par le schisme. Car l’Apôtre leur dit:
« Je vous supplie, mes frères, d’avoir tous le même langage, afin qu’il n’y ait aucun schisme parmi vous2. Mes ennemis murmuraient contre moi le même langage; tous méditaient le mal contre moi », ou plutôt contre eux, car ils se sont amassé l’iniquité; mais aussi contre moi, car il faut les juger d’après leurs intentions. De ce qu’ils n’aient rien pu faire, n’en concluons pas qu’ils ne voulaient rien faire. Le diable aussi voulut exterminer le Christ, et Judas le voulut mettre à mort: mais la mort et la résurrection du Christ nous ont donné la vie; et néanmoins le diable et Judas ont reçu la récompense de leur volonté perverse, et non point de notre salut. Car, vous le savez, c’est d’après l’intention qu’un homme doit être jugé digne de récompense ou de châtiment, et nous voyons des hommes faire à d’autres des souhaits tels que nous pouvons le désirer, et qui sont accusés de malédiction. Quand cet homme, jadis aveugle, mais dont les yeux elle coeur étaient rendus à la lumière, confondait les Juifs aux yeux ouverts, au coeur aveugle, « Voulez-vous », leur dit cet homme déjà éclairé, « voulez-vous aussi être ses disciples? »« Mais eux », dit l’Evangile, « s’écrièrent en le maudissant : Pour toi, sois son disciple3 ». Puisse tomber sur chacun de nous cette malédiction qu’ils lui jetaient! Elle est appelée malédiction à cause de l’erreur malveillante de ceux qui la profèrent, et non du mal que contiennent les expressions: l’historien qui nous la raconte envisage plutôt leur intention que leurs paroles. « Ils méditaient le mal contre moi4 ». Or, quel mal arriva-t-il au Christ, quel mal aux martyrs? Dieu changea tout en bien.