6.
Que deviendront ceux qui désirent les biens du monde? Tu verras un méchant dans les délices de cette vie, et ton pied chancellera peut-être, et tu diras en ton âme : Dieu, j’ai connu les actes de cet homme, les crimes qu’il a commis, et le voilà dans le bonheur, il fait trembler les autres, il domine, il s’élève; il n’a pas la moindre migraine, il n’essuie pas la moindre perte: et te voilà pris de doute contre ta foi, et ton coeur s’écrie : Malheur à moi ! c’est en vain que j’ai la foi, Dieu n’a aucun soin des choses d’ici-bas. Dieu donc vient nous éveiller, et que nous dit-il? « Ne crains point, lorsqu’un homme sera devenu riche1». Pourquoi les richesses de cet homme t’inspiraient-elles de la crainte? Tu craignais d’avoir vainement cru en Dieu, d’avoir perdu le fruit de ta foi, l’espérance fondée sur ta conversion: un gain frauduleux s’est présenté, tu pouvais t’enrichir, échapper à la misère; mais les menaces de Dieu t’ont détourné de la fraude et fait mépriser un tel gain; tu en vois un autre qu’un gain frauduleux vient d’enrichir, qui est exempt de peines, et tu crains ton attachement pour la justice. « Ne crains pas », te dit l’Esprit-Saint, « quand un homme sera devenu riche ». Tu ne veux avoir des yeux que pour les biens présents. Ce sont des biens futurs que t’a promis celui qui est ressuscité, mais il n’a promis pour ici-bas ni le repos ni la paix. Tout homme cherche le repos : c’est un vrai bien, mais il ne cherche pas ce bien dans la région où il se trouve. La paix n’est point de cette vie; c’est dans le ciel que l’on nous promet ce que nous cherchons ici-bas:
c’est dans le siècle à venir que l’on nous promet ce que nous cherchons dans le présent.
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Ps. XLVIII, 17. ↩