31.
« C’est le sacrifice de louanges qui doit m’honorer : c’est la voie par laquelle je manifesterai le salut de Dieu1 », C’est donc dans le sacrifice de louanges qu’est « cette voie par laquelle je manifesterai le salut de Dieu ». Qu’est-ce que le salut de Dieu? C’est Jésus-Christ; et comment le Christ nous est-il montré dans le sacrifice de louanges? C’est que le Christ vient en nous avec la grâce. Voici ce que dit l’Apôtre : « Je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi : et si je vis maintenant dans un corps charnel, je vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé, et qui s’est livré pour moi2 ». Que les pécheurs reconnaissent donc qu’ils n’auraient pas besoin du médecin, s’ils jouissaient de la santé3. Car le Christ est mort pour les impies4. Pour eux donc, reconnaître leurs impiétés, puis imiter le publicain qui disait: « Seigneur, soyez-moi propice, car je suis un pécheur5 », c’est découvrir leurs blessures au médecin, et implorer son assistance. Comme ils ne se louent pas eux-mêmes, comme ils s’accusent au contraire, de sorte que si quelqu’un d’eux se glorifie, il ne se glorifie pas en lui-même, mais dans le Seigneur6, ils proclament la cause de l’avènement du Christ qui est venu pour sauver les pécheurs. « Jésus-Christ est venu dans ce monde », nous dit saint Paul, pour sauver les pécheurs, entre lesquels-je suis le premier7 ». Aussi, quand les Juifs se glorifient de leurs oeuvres, le même Apôtre réprime leur orgueil, jusqu’à dire qu’ils n’appartiennent pas à la grâce, eux qui comptent sur leurs mérites et sur leurs oeuvres pour obtenir une récompense8. Quiconque sait en effet qu’il appartient à la grâce, qui est le Christ et qui vient du Christ, comprend qu’il a besoin de la grâce. Ce qui est appelé grâce, est donné gratuitement; et dès lors nul mérite en toi n’a pu précéder et provoquer ce qui est un don gratuit. Si tes mérites avaient précédé, la récompense ne serait plus regardée comme une grâce, mais comme l’acquit d’une dette9. Si donc tu prétends que tes mérites ont précédé, c’est toi et non le Seigneur que tu veux louer; et dès lors tu ne reconnais plus le Christ qui est venu avec la grâce. Ainsi, abaisse un regard sur tes oeuvres, comprends quelle en était la malice, en sorte qu’elles appelaient sur toi le châtiment et non la récompense. Et quand tu auras compris ce qui était dû à tes mérites, tu comprendras aussi ce que tu reçois par la grâce, et tu glorifieras Dieu par le sacrifice de louanges. Telle est la voie qui te montrera dans le Christ le salut de Dieu.