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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME L.

8.

« Car je reconnais mon iniquité, et mon crime est toujours devant moi1 ». Je n’ai point rejeté en arrière ce que j’ai fait, je ne m’oublie point moi-même pour regarder les autres, je ne cherche point à ôter la paille de l’oeil de mon frère, quand il y a une poutre dans mon oeil2 ; mon péché est toujours sous mes yeux, et non derrière moi. Il était derrière moi, quand est venu le Prophète qui m’a exposé la parabole de la brebis du pauvre. Voici en effet ce que dit Nathan à David : «Un homme riche avait beaucoup de brebis; un pauvre son voisin n’en avait qu’une seule qu’il élevait dans son sein et avec son pain; un étranger vint chez le riche qui, sans toucher à son troupeau, jeta un oeil d’envie sur la brebis du pauvre son voisin, et la tua pour son hôte; qu’a mérité cet homme3? » Dans son indignation David prononça une sentence, et ne sachant point que le Prophète le prendrait dans ses paroles, il dit que ce riche était digne de mort, et rendrait quatre brebis; sentence sévère, mais juste! Alors son péché n’était pas encore sous ses yeux, son action criminelle était derrière lui; il ne connaissait point encore sa propre faute, et il était sans pitié pour celle d’un autre. Mais le Prophète, envoyé à dessein, remit sous les yeux du roi cette faute laissée en arrière, afin de lui faire comprendre qu’il s’était lui-même condamné par sa propre sentence. Il s’était servi de sa langue comme d’un fer salutaire, pour ouvrir la plaie et la guérir. Ainsi en usa le Sauveur avec les Juifs, qui lui amenaient une femme adultère, pour lui tendre un piége, et qui y tombèrent eux-mêmes. «Cette femme», lui disaient-ils, « vient d’être surprise en adultère: « or, Moïse nous a commandé de lapider ces « coupables; pour vous, qu’en pensez-vous4?» il y avait là un double piége tendu à la sagesse du Seigneur: s’il la condamnait à mort, il perdait sa réputation de douceur; s’il la faisait renvoyer libre, il encourait leur calomnie et passait pour un violateur de la loi. Que répond le Sauveur? Il ne leur dit point: Qu’on la fasse mourir; il ne dit point : Qu’on la mette en liberté; mais: « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». La loi était juste en décrétant la mort contre l’adultère; mais donnez à cette loi juste des exécuteurs innocents. Vous considérez celle que vous amenez, voyez aussi ce que vous êtes. « A ces mots, ils s’en allèrent l’un après l’autre ». Il ne resta que la femme adultère avec le Seigneur; que la malade avec le médecin; que la profonde misère avec la profonde miséricorde. Ceux qui l’amenaient rougirent sans demander leur pardon; celle que l’on amenait fut dans la confusion et fut guérie. « Le Seigneur lui dit: O femme, aucun ne vous a-t-il condamnée? et celle-ci : Aucun, Seigneur. Et le Seigneur: Et moi non plus, je ne vous condamnerai point, allez et ne péchez plus à l’avenir » . Le Christ a-t-il donc agi contre sa loi? Car son Père n’avait pas donné cette loi sans lui. Si le ciel, la terre et tout ce qui est en eux, ont été faits par lui, la loi aurait-elle été écrite sans le Verbe de Dieu? Donc le Seigneur n’agit point alors contre sa loi, non plus qu’un potentat n’agit contre les lois, quand il fait grâce à des coupables qui avouent leurs crimes. Moïse était le ministre de la loi, le Christ en était le promulgateur; Moïse fait lapider comme juge, le Christ fait grâce en roi. Le Seigneur eut pitié de cette femme selon l’étendue de sa miséricorde, comme le demande le Prophète, comme il en supplie le Seigneur par ses cris et ses gémissements. Voilà ce que n’ont point fait ceux qui lui présentaient la femme adultère; et quand le médecin étalait leurs plaies sous leurs yeux, ils n’ont point demandé au médecin la guérison. Ainsi en est-il beaucoup qui ne rougissent point du péché, et qui rougissent de la pénitence. Incroyable folie : tu ne rougis point de la plaie, et tu rougis des bandes qui la couvrent? N’est-elle pas plus hideuse et plus fétide, quand elle est à nu? Va donc trouver le médecin, fais pénitence et dis-lui : « Je connais mon iniquité, et mon péché est toujours sous mes yeux ».


  1. Id. 5.  ↩

  2. Matt. VII, 3.  ↩

  3. II Rois, XII, 2-6. ↩

  4. Jean, VIII, 4 -11. ↩

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