• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LIV.

3.

Quel est le sens de ces mots: « Intelligence à David? » Nous le savons: David était un saint prophète, roi d’Israël, fils de Jessé1 ». Mais parce que, selon la chair, Jésus-Christ est sorti de sa race pour notre salut2, il est souvent désigné sous le nom de David : et l’on parle de David en figure, c’est-à-dire pour parler du Christ, à cause de l’origine charnelle qu’il a tirée de David. Sous un rapport, il est fils de David; et, sous un autre, il en est le Seigneur. Fils de David selon la chair, il en est le Seigneur en tant que Dieu. Si toutes choses ont été faites par lui3, par lui aussi a été créé David, de la race de qui il s’est fait homme. Aussi quand le Sauveur interrogea les Juifs, et leur demanda de qui le Christ était Fils, « ils répondirent: de David ». Voyant qu’ils s’arrêtaient à la chair, et perdaient de vue la divinité, il redressa leur jugement et leur fit cette question: « Comment donc David, parlant sous l’inspiration du Saint-Esprit, l’appelle-t-il son Seigneur en disant: Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied? Si donc David, parlant par le Saint-Esprit, l’appelle son Seigneur, comment peut-il être son Fils4? » Il leur proposa cette difficulté, mais il ne nia pas qu’il fût le fils de David. Vous voyez qu’il est le Seigneur de David: expliquez-moi comment il en est le Fils ; vous voyez qu’il en est le Fils, dites-moi comment il en est le Seigneur. La foi catholique tranche cette difficulté. Comment est-il le Seigneur de David ? « Parce que au commencement était le Verbe, que le Verbe était en Dieu, que le Verbe était Dieu ». Comment en est-il le Fils? Parce que le « Verbe s’est « fait chair, et qu’il a habité parmi nous5». David est la figure du Christ. Le Christ, comme nous l’avons souvent dit à votre charité, est tout à la fois tète et corps. Nous ne devons point nous considérer comme lui étant étrangers, puisque nous sommes ses membres: ne nous croyons pas, non plus, autres que lui, parce que, dit l’Apôtre, « ils seront deux dans une même chair: ce sacrement est grand, je dis dans Jésus-Christ et dans l’Eglise6». Jésus-Christ, dans son ensemble, est en même temps tête et corps; nous devons donc appliquer ces paroles : « Intelligence à David », à nous aussi bien qu’au Christ, car nous sommes comme lui désignés sous le nom de David. Que les membres du Christ aient l’intelligence, que le Christ ait l’intelligence dans ses membres, et que ses membres l’aient en lui, parce que la tête et les membres ne font qu’un seul et même Christ. La tête était dans le ciel, et elle disait: « Pourquoi me persécutes-tu7? » Nous sommes avec lui dans le ciel par nos espérances, et il est avec nous sur la terre par la charité. Donc, «Intelligence à David ». Puissent les paroles que nous entendons devenir pour nous une source de réflexions! Puisse l’Eglise avoir l’intelligence, car c’est pour nous une grave obligation de nous appliquer sérieusement à comprendre de quels maux nous sommes accablés en cette vie, de quels maux nous désirons être délivrés, quand, à la fin de l’Oraison dominicale, nous disons: « Seigneur, délivrez-nous du mal8 ».

Par un effet de cette intelligence, le Psalmiste déplore ici quelqu’une des nombreuses tribulations dont nous sommes accablés peu dans le cours de notre vie. Pour celui qu n’a point cette intelligence, il ne joint par ses gémissements à ceux du Psalmiste. Nous devons nous le rappeler, nos très-chers frères, si nous avons, comme créatures, des traits de ressemblance avec Dieu, c’est uniquement par notre intelligence. Nous sommes en effet, sous une multitude de rapports, inférieurs aux animaux; mais ce qui donne à l’homme de la ressemblance avec Dieu, c’est précisément ce qui établit une différence marquée entre lui et les bêtes. De toutes les facultés qu’il a reçues de la munificence divine, la raison seule le distingue des brutes. Ce don, qui nous est propre et particulier, ce don de l’intelligence, que nous tenons de la bonté du Créateur, plusieurs le méprisent: aussi le Seigneur leur fait-il un reproche sévère de leur conduite: « Ne vous rendez point», leur dit-il, « semblables au chevalet au mulet, qui sont privés d’intelligence9». « L’homme », ajoute-t-il ailleurs, « avait été élevé en dignité». Quelle était cette dignité, sinon sa ressemblance avec Dieu? « L’homme», donc, « avait été élevé en dignité, et il ne l’a pas compris: on l’a comparé aux bêtes dépourvues de raison, et il leur est devenu semblable10 ». Comprenons bien à quel degré d’honneur nous avons été élevés: ayons intelligence. Si nous avons l’intelligence, il nous est facile de voir que notre demeure d’ici-bas n’est pas le séjour de la joie, mais qu’elle est celui des gémissements : le moment de tressaillir d’allégresse n’est pas encore venu : nous sommes encore condamnés à nous plaindre. Et si la joie habite déjà dans les coeurs, elle est occasionnée par l’espérance, et non par la possession de l’objet que nous désirons. Les promesses divines nous réjouissent, car celui qui nous les a faites n’est point trompeur. Mais, quant au temps présent, apprenez de quels maux, de quelles sollicitudes nous y sommes accablés; et, si vous êtes dans la bonne voie, remarquez bien que mes paroles s’appliquent à vous-mêmes. Pour celui qui n’est pas encore engagé dans le chemin de la vertu, il s’étonne de voir ces membres de David condamnés à de telles épreuves, parce qu’il ne s’y voit pas exposé. Et, tant qu’il ne ressent point de pareils maux, il n’est point du nombre des membres du Christ; ce qu’éprouve le corps du Christ, il ne l’éprouve pas, parce qu’il n’en fait pas partie: qu’il y entre, et il verra par sa propre expérience quels sont ces maux. Que le Prophète parle donc; écoutons-le, et disons avec lui:


  1. I Rois, XVI, 13.  ↩

  2. Rom. I, 3.  ↩

  3. Jean, I, 3. ↩

  4. Matt. XXII, 41-45.  ↩

  5. Jean, I, 1, 11.  ↩

  6. Eph. V, 31, 32.  ↩

  7. Act. IX, 4. ↩

  8. Matt. VI, 13. ↩

  9. Ps. XXXI, 9.  ↩

  10. Id. LVIII, 21. ↩

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Translations of this Work
Discours sur les Psaumes

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy