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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXI.

9.

« Dans l’excès de ma soif, j’ai couru ». Ils me rendaient le mal pour le bien1. Ils me faisaient mourir, ils me repoussaient; pour moi, j’avais soif de leur salut; ils voulaient me ravir ma gloire, et moi je brûlais du désir d’en faire les membres de mon corps. Effectivement, lorsque nous buvons, que faisons-nous si ce n’est d’introduire dans notre corps, et de faire passer jusqu’à l’extrémité de nos membres, une humidité et une fraîcheur qui se trouvent hors de nous ? Ainsi agit Moïse avec la tête du veau d’or. Cette tète avait une signification prophétique et cachait un grand mystère, car elle représentait la société des méchants, qui par leur amour excessif des avantages temporels ne ressemblent que trop aux jeunes boeufs dont la plus grande jouissance consiste à manger l’herbe des champs2. Car « toute chair n’est que de l’herbe3 ». Parmi les Israélites, il y avait, comme je l’ai dit, une société d’impies. Vivement irrité de leur idolâtrie, Moïse jeta dans le feu la tête du veau d’or, la fit réduire en poussière, et jeta cette poussière dans de l’eau qu’il fit ensuite boire au peuple4. La colère du législateur des Israélites fut elle-même une prophétie. Cette société des impies est jetée par Dieu dans le creuset des tribulations, et par sa parole il la réduit en poussière: car, peu à peu se dissipe leur union, elle s’use insensiblement, pareille à un vêtement qui vieillit; tous ceux qui deviennent chrétiens s’en séparent: ce sont, en quelque sorte, des grains de poussière qui se détachent de l’ensemble: unis les uns aux autres, ils sont les ennemis de la foi; dès qu’ils s’éloignent les uns des autres, ils l’embrassent avec empressement. Pouvait-il y avoir un signe plus clair des effets du baptême ? A l’aide de l’eau baptismale les hommes ne devaient-ils pas entrer dans le corps de cette Jérusalem spirituelle, dont le peuple juif était l’image? La société des pécheurs a été jetée dans l’eau, et ce mélange n’est-il pas devenu comme un breuvage destiné aux enfants d’Adam? Tel est le breuvage après lequel, dans l’ardeur de sa soif, soupirera jusqu’à la fin celui qui parle en ce psaume : il a soif , il s’élance , il boit une multitude d’âmes, et, pourtant, sa soif ne sera jamais étanchée: voilà pourquoi il disait à la Samaritaine : « Femme, j’ai soif, donne-moi à boire5». Elle reconnut auprès du puits que le Christ avait soif, et ce fut lui qui la désaltéra ; elle reconnut la première de quelle nature était la soif du Fils de Dieu, et, par sa foi, elle l’étancha. Attaché à la croix, il dit : « J’ai soif6 », et néanmoins les Juifs ne lui donnèrent point le breuvage qui pouvait le désaltérer. Il avait soif de leur salut, et ils ne lui offrirent que du vinaigre. Au lieu de lui donner de ce vin nouveau qui doit remplir des outres nouvelles, ils lui apportèrent du vin si vieux qu’il en était gâté et corrompu7. Au vin corrompu on donne indifféremment le nom de vin vieux et celui de vinaigre; par là on désigne ceux qui demeurent dans le vieil homme, et dont il a été dit: « Pour eux, il n’y a pas de changement8 ». Jamais ils ne seront détruits comme les Jébuséens, jamais on ne se servira d’eux pour bâtir Jérusalem9.


  1. Ps XXXIV, 12.  ↩

  2. Ps. CV, 20.  ↩

  3. Isaïe, XL, 6.  ↩

  4. Exode, XXXII, 20. ↩

  5. Jean, IV, 7.  ↩

  6. Jean, XIX, 28.  ↩

  7. Matth. IX, 17.  ↩

  8. Ps. LIV, 20.  ↩

  9. II Rois, V, 6. ↩

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