7.
Mes frères, on peut encore dire, en un autre sens, que le corps même du véritable chrétien, du fidèle sincère, a soif de Dieu, dès ce monde. Si, en effet, il a besoin de pain, d’eau, de vin, d’argent, du secours d’une bête de somme, il les demande à Dieu, et il ne les demande, ni aux démons, ni, aux idoles, ni àje ne sais quelles puissances de ce monde. H en est qui, pendant le cours de leur vie, au moment où ils souffrent de la faim, abandonnent le vrai Dieu pour s’adresser à Mercure ou à Jupiter, ou à cette- fausse divinité à laquelle ils donnent le nom de Céleste ou à quelqu’autre démon semblable : dès lors que, dans leur détresse, ils ont recours à de pareils soutiens, il est évident que leur corps n’a point soif du Tout-Puissant. Pour ceux d’entre nous, qui soupirent après lui, ils doivent le faire, tout à la fois, par leur âme et par leur corps : par leur âme, car Dieu lui donne une nourriture qui lui est propre, c’est-à-dire, sa parole sainte : par leur corps, puisque le Seigneur lui procure les aliments nécessaires: par l’une et par l’autre, parce qu’il les a créés tous les deux. Pour tes besoins matériels, tu sollicites le secours des démons : est-ce qu’après avoir tiré ton âme du néant, le Très-Haut leur alaissé le soin de créer ton corps? Ne l’oublie pas, ton âme et ton corps ont un auteur commun; c’est le maître de l’univers : ils sont tous deux sortis de ses mains; tous deux également en reçoivent leur nourriture: aussi faut-il qu’ils ressentent pour Dieu une soif égate, et que dans la multitude innombrable de leurs souffrances, ils soient pareillement et tout ensemble rassasiés.