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Mais « entre les épaules » : c’est là une partie du corps; cette partie tient à la région du coeur, et toutefois en arrière; les plumes de son dos, dit le Prophète, et il ajoute que cette partie de la colombe argentée a des reflets d’or, c’est-à-dire la force de la sagesse, et je ne crois pas que par cette force on puisse mieux entendre que la charité. Mais pourquoi le dos, et non la poitrine? Je m’étonne en effet de cette parole d’un autre psaume, où il est dit: « Il te couvrira de son ombre entre ses épaules, et tu espéreras sous ses ailes1 » tandis que les ailes ne peuvent abriter que ce qui est sous la poitrine. En latin, inter scapulas, entre les épaules, peut s’entendre peut-être de part et d’autre, en avant et en arrière, en sorte que par épaules, nous comprenions ces parties du corps au milieu desquelles est placée la tête; il est possible encore que l’hébreu se puisse entendre de la même façon; mais dans le grec, metaphrena. ne peut se dire que de la partie postérieure, ce qui est inter scapulas, entre les épaules. Or, est-ce là qu’est l’éclat de l’or, c’est-à-dire la sagesse et la charité, parce que c’est là que les ailes sont attachées en quelque sorte, ou bien, parce que c’est là que l’on porte le fardeau léger? Que sont en effet ces deux ailes, sinon les deux préceptes de la charité, qui renferment toute la loi et les Prophètes2? Qu’est-ce que le fardeau léger, sinon la charité que l’on accomplit par ces deux préceptes? Tout ce qui est difficile dans ces deux préceptes devient léger pour celui qui aime. Et nous n’avons pas d’autre raison de bien comprendre cette parole : « Mon fardeau est léger3 », sinon que Dieu nous donne l’Esprit-Saint, par qui la charité est répandue dans nos coeurs4, afin que par amour nous fassions de bon coeur ce que la crainte fait faire à celui qui agit en esclave; car on n’est pas ami du bien, quand on préférerait que le bien ne fût point commandé, si cela était possible.