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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXVII.

39.

C’est d’eux encore que le Prophète a dit: « C’est une troupe de taureaux parmi les génisses des peuples, afin que soient tirés dehors ceux qui sont éprouvés comme l’argent1». Il les appelle taureaux à cause de leur orgueil, de leur cou raide et indocile; il désigne ainsi les hérétiques. « Ces génisses des peuples » doivent s’entendre, selon moi, des âmes faciles à séduire, et qui suivent ces taureaux sans résistance. Ils ne séduisent point les peuples entiers, qui renferment des hommes stables et graves; de là ce mot des Ecritures : « C’est au milieu d’une grave assemblée que je vous bénirai2 »; mais ils séduisent les génisses qu’ils rencontrent parmi ces peuples. « Il en est en effet parmi eux qui s’insinuent dans les maisons, qui emmènent après eux comme captives des femmes chargées de péchés, et entraînées par toutes sortes de désirs; qui apprennent toujours, sans parvenir à connaître la vérité3». Cette autre parole de l’Apôtre : « Il faut des hérésies, afin qu’on reconnaisse ceux d’entre vous qui ont une vertu éprouvée4 », nous la retrouvons encore dans ce qui suit: « Afin que soient mis dehors ceux qui sont éprouvés par l’argent », c’est-à-dire éprouvés par la parole du Seigneur. Car « la parole du Seigneur est une parole chaste, c’est un argent éprouvé par le feu terrestre5 ». Qu’ils soient tirés dehors, est-il dit, qu’ils soient visibles, qu’ils apparaissent; ou, comme dit saint Paul, « qu’on les reconnaisse ». De là vient que dans l’argenterie, on appelle exclusores, ou tireurs dehors, ceux qui donnent la forme aux objets qu’ils tirent d’une masse en fusion. Il est en effet dans l’Ecriture bien des sens cachés, connus seulement de quelques esprits supérieurs; et l’on ne s’en sert jamais d’une manière plus efficace et plus convenable que pour répondre aux hérétiques. Alors en effet ceux-là même que touche peu la doctrine, secouent leur sommeil, écoutent avec ardeur, et les hérétiques sont réfutés. Combien de sens n’a-t-on pas découverts dans les saintes Ecritures pour prouver contre Photius que le Christ est Dieu ! Combien pour prouver qu’il est un homme, contre Manès! Combien en faveur de la Trinité, contre Sabellius! Combien en faveur de l’unité dans la Trinité, contre les Ariens, les Eunomiens, les Macédoniens! Combien en faveur de l’Eglise répandue dans l’univers entier, du mélange des bons et des méchants jusqu’à la fin des siècles, de leur impuissance à nuire aux bons en partageant les mêmes sacrements, contre les Donatistes, les Lucifériens et autres, s’il en est encore, qui partagent leurs erreurs et s’éloignent de la vérité! Combien encore, contre tant d’autres hérétiques, dont il serait trop long d’établir ici la nomenclature, ou de faire mention, ce qui n’est point nécessaire dans cet ouvrage! Les auteurs approuvés qui ont mis en relief tous ces sens, seraient demeurés inconnus, ou auraient moins de célébrité que ne leur en ont donné les contradictions de ces orgueilleux que l’Apôtre compare à des taureaux, c’est-à-dire à des hommes rebelles et indociles au joug pacifique et doux de la discipline, quand il dit qu’il faut élire pour évêque, un homme « capable d’exhorter par la saine doctrine, et de convaincre ceux qui la contredisent6». Il en est beaucoup en effet d’insoumis; ce sont là ces taureaux dont le cou ne saurait supporter le joug, la charrue, l’attelage : des hommes aux paroles vaines et qui séduisent les âmes; les âmes, le Prophète les appelle des génisses. Telle est donc l’utilité que se propose la Providence divine quand elle permet que des taureaux s’assemblent parmi les génisses des peuples, afin que soient tirés dehors, ou mis en évidence, ceux qui sont éprouvés comme l’argent. Car Dieu ne permet les hérésies, que pour manifester ceux qui sont éprouvés. Toutefois on pourrait comprendre encore : « Des taureaux se réunissent parmi les génisses des peuples, afin d’éloigner de ces génisses, ceux qui sont éprouvés comme l’argent ». Le but des docteurs hérétiques est en effet d’exclure de la portée des âmes qu’ils cherchent à séduire, c’est-à-dire d’en éloigner, ceux qui sont éprouvés comme l’argent, et dès lors capables d’enseigner la parole de Dieu. Peu importe l’un ou l’autre sens que l’on donne à cette expression; voici la suite: « Dispersez les nations qui veulent la guerre ». Car elles ne cherchent point à se corriger, mais bien à contredire. Le Prophète annonce donc qu’ils seront plutôt dispersés eux-mêmes, ceux qui, loin de se corriger, s’étudient à disperser le troupeau du Christ. S’il les appelle des nations, ce n’est point que les familles s’y reproduisent, mais c’est à cause des sectes qui se perpétuent pour confirmer l’erreur.


  1. Ps. LXVII, 31.  ↩

  2. Id. XXXIV, 18. ↩

  3. II Tim. III, 6, 7.  ↩

  4. I Cor. XI, 19.  ↩

  5. Ps. XI, 7. ↩

  6. Tit. I, 9. ↩

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