14.
« J’ai couvert mon âme du jeûne, et l’on m’en a fait un sujet d’opprobre1 ».Dans un autre psaume déjà, nous vous avons exposé le sens spirituel du jeûne du Christ2. Pour lui, il y avait jeûne, quand nul ne croyait en lui : il avait faim d’âmes qui crussent en lui : il avait soif aussi quand il dit à la Samaritaine : « J’ai soif, donnez-moi à boire3». Or, il avait soif de la foi. Et quand sur la croix il dit aussi : « J’ai soif4 », il désirait la foi de ceux dont il avait dit : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font5 ». Mais qu’est-ce que les hommes lui ont donné à boire dans sa soif? Du vinaigre. Qui dit aigri, dit aussi vieilli. Ils l’ont donc abreuvé du vieil homme, en refusant d’être des hommes nouveaux. Pourquoi n’ont-ils pas voulu être nouveaux? Parce qu’ils ne sont point de ceux dont le titre du psaume a dit
« Pour ceux qui doivent changer». Donc «j’ai couvert mon âme du jeûne ». Enfin il repoussa le fiel qu’ils lui avaient offert : il aima mieux jeûner que de goûter l’amertume. Car ceux qui provoquent l’aigreur n’entrent point dans son corps mystique, et il a dit d’eux: « Les âmes à fiel ne s’élèveront point en elles-mêmes6 ». Donc « j’ai couvert mon âme de jeûne, et l’on m’en a fait un sujet d’opprobre ». Ils m’ont fait un sujet d’opprobre, de mon désaccord avec eux, c’est-à-dire de ce qu’ils me faisaient jeûner; car n’être point d’accord avec ceux qui persuadent le mal, c’est jeûner à son sujet; et ce jeûne attire l’opprobre, c’est-à-dire l’insulte à celui qui ne consent point au mal.