11.
Pourquoi? « Parce qu’ils ont persécuté celui que vous avez frappé, et ils ont eu ajouté à la douleur de mes blessures1». Comment donc ont-ils péché en poursuivant celui que Dieu lui-même avait frappé? De quoi pouvons-nous incriminer leurs intentions? de malice. Car ce qui s’est accompli à propos du Christ était nécessaire. Il était venu pour souffrir à la vérité,et néanmoins il a puni ceux qui l’ont fait souffrir. Judas qui l’a trahi a été châtié, et le Christ a été crucifié : mais il nous a rachetés de son sang, et il a puni Judas du prix qu’il en avait reçu. Ce misérable rejeta, en effet, cet argent au prix duquel il avait vendu le Seigneur, et il ne connut point le prix auquel le Seigneur l’avait racheté2. Voilà ce qui arriva à Judas. Mais comme nous voyons qu’en toutes choses le Seigneur mesure ses représailles, et qu’il ne laisse personne dépasser dans sa violence le pouvoir qui lui a été donné; comment ceux-ci purent-ils ajouter quelque chose, ou comment le Seigneur fut-il frappé? Evidemment, il parle ici au nom de ceux qui lui forment un corps, d’où lui est venue sa chair, c’est-à-dire du genre humain, de cet Adam qui, le premier, fut frappé de mort à cause de son péché3. C’est donc une peine pour les hommes de naître mortels : et quiconque persécute les hommes, ajoute à cette peine. L’homme serait-il donc condamné à mourir, si Dieu ne l’eût frappé? Pourquoi donc, ô homme, sévir encore contre lui? Est-ce peu, pour l’homme, d’être condamné à mourir un jour? Chacun de nous porte donc sa peine : et c’est ajouter à cette peine que vouloir nous persécuter. Cette peine, Dieu nous l’a infligée. Car le Seigneur prononça contre l’homme cette sentence : « Au jour où vous en toucherez», dit-il, «vous mourrez4 ». C’est dans cette mort qu’il avait pris une chair, et notre vieil homme a été crucifié avec lui5. C’est donc au nom de cet homme qu’il dit: « Ils ont persécuté celui que vous avez frappé, et ils ont ajouté à la douleur de mes plaies». A quelle douleur de mes plaies? A la douleur de mes péchés; car ce sont ses péchés qu’il appelle des plaies. Ici, sans vous arrêter au chef, voyez les membres; c’est en leur nom que lui-même a parlé dans cet autre psaume, où il élève la voix, puisqu’il en récita hautement le premier verset, quand il était en croix : « O Dieu, mon Dieu, jetez les yeux sur moi, pourquoi m’avez-vous abandonné? » Là il continue en disant: « Le rugissement de mes péchés éloigne de moi votre salut6 ». Telles sont les blessures que les voleurs ont infligées en chemin à celui qu’il prit sur son cheval; près duquel le prêtre et le Lévite avaient passé avec mépris et qu’ils n’avaient pu guérir: or, le Samaritain étant venu à passer, en eut pitié, s’en approcha et le mit sur sa propre monture7. Samarite, en latin, signifie gardien; or, quel est le gardien, sinon notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ? Et comme il est ressuscité d’entre-les morts pour ne plus mourir8, voilà qu’il ne s’endort point, qu’il ne sommeillera point, celui qui est gardien d’Israël9. « Ils ont ajouté à la douleur de mes plaies ».