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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXX.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME LXX.

6.

Toutefois l’homme se glorifie : et pour être de la première captivité, il écoute la suggestion du serpent : « Goûtez, et vous serez comme des dieux1 ». Des hommes comme des dieux ! « O Dieu, qui est semblable à vous? » Rien, ni dans l’abîme, ni dans l’enfer, ni sur la terre, ni dans les cieux; car c’est vous qui avez tout créé. Comment l’oeuvre entre-t-elle en lice avec l’ouvrier? « O Dieu, qui est semblable à vous? » Pour moi, dit ce misérable Adam, et tout homme est en Adam, lorsque, cédant à la perversité, je veux être semblable à vous, je me vois réduit à en appeler à vous, de ma triste captivité; heureux jadis sous un roi plein de bonté, je suis devenu l’esclave de mon séducteur; et maintenant je crie vers vous, parce que je suis tombé en me séparant de vous. Et pourquoi suis-je tombé loin devons? Parce que j’ai cédé à la malice, et voulu être semblable à vous. Quoi donc? N’est-ce pas à devenir semblable à lui, que le Seigneur nous appelle? N’est-ce point lui qui nous dit : « Aimez vos ennemis; priez pour ceux qui vous persécutent: faites du bien à ceux qui vous haïssent? » C’est là nous inviter à lui devenir semblables. Et puis, que dit-il ensuite? « Afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux ». Or, que fait ce Père? Le voici assurément: « Il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes2». Donc vouloir du bien à ses ennemis, c’est ressembler à Dieu ; et ce n’est point là de l’orgueil, mais de l’obéissance. Pourquoi? Parce que nous sommes faits à l’image de Dieu. « Faisons l’homme », dit-il, « à notre image et à notre ressemblance3 ». Il n’y a donc point usurpation à garder,en nous l’image de Dieu, et puissions-nous ne point la perdre par notre orgueil. Mais qu’est-ce que cette prétention orgueilleuse d’être semblable à Dieu? Quel motif, pensez-vous, fait dire à cette âme captive : « Seigneur, qui est semblable à vous?» Quelle malice y a-t-il dans cette ressemblance? Ecoutez et comprenez, si vous le pouvez; nous espérons que celui qui nous met lui-même ces paroles dans la bouche, nous donnera aussi le pouvoir de les comprendre. Dieu n’a besoin d’aucun bien, il est le bien suprême, et tout bien vient de lui. Pour être bons, nous avons besoin de Dieu; mais lui, pour être bon, n’a nul besoin de nous, et non-seulement de nous, mais pas même « de ces merveilles si hautes qui sont son ouvrage»; il n’a besoin ni des esprits célestes, ni des esprits supérieurs encore, ni de ce que l’on nomme le ciel des cieux, pour être supérieur en bonté, en puissance, en félicité. Que serait tout ce qui n’est point lui, si lui-même ne l’eût créé? Quel besoin peut avoir de toi celui qui était avant toi, et qui est si puissant, qu’il t’a créé lorsque tu n’étais pas? Mais cette oeuvre, est-ce l’oeuvre des parents à l’égard des enfants? Cette génération est plutôt l’oeuvre d’une convoitise charnelle, qu’une création : Dieu crée alors qu’ils engendrent. Mais si tu crées aussi bien que Dieu, dis-moi ce que ta femme doit mettre au monde. Pourquoi te demander de me le dire? Que ta femme le dise, elle qui ne sait ce qu’elle porte. Et toutefois les hommes engendrent des fils, pour être la consolation et le soutien de leur vieillesse. Or, Dieu n’a-t-il créé tout ce qui existe que pour avoir un soutien dans ses vieux jours? Dieu connaît ce qu’il crée, et ses desseins de bonté sur sa créature, et ce qu’elle deviendra par sa propre volonté : Dieu connaît tout cela, et le coordonne avec sagesse, Mais l’homme, pour être quelque chose, se tourne vers celui qui l’a créé. Pour lui, s’en éloigner, c’est se glacer; s’en rapprocher, c’est se réchauffer; s’en éloigner, c’est la nuit; s’en rapprocher, c’est la lumière. Celui qui lui a donné l’être lui donne encore le bien-être. Enfin ce fils le plus jeune qui voulut avoir en main la part de cet héritage que son père lui gardait si avantageusement, devint maître de lui-même et s’en alla dans un pays éloigné, où il servit un maître méchant et garda les pourceaux. Mais la faim corrigea cet orgueilleux, que l’abondance avait éloigné4. Donc tout homme qui aspire à être semblable à Dieu, qui veut se tenir auprès de lui, qui lui garde toute sa force5, comme a dit le Prophète, ne doit point s’en éloigner; qu’il s’attache à lui, afin d’en recevoir l’empreinte, comme la cire reçoit l’empreinte d’un anneau; qu’en s’attachant à lui, il en reçoive l’image, et dise avec le Prophète : « Il m’est bon de m’attacher à Dieu6 », alors il gardera cette image, cette ressemblance à laquelle il a été fait. Mais si vouloir imiter Dieu n’est qu’un acte pervers, et de même que Dieu n’a besoin de personne pour le gouverner et le conduire, si l’homme veut user de sa puissance pour se diriger et se conduire comme Dieu, sans aucune main étrangère, que lui restera-t-il alors, mes frères, sinon de languir loin de ce feu divin, de s’évanouir loin de cette vérité, de changer toujours et d’aboutir au néant, loin de celui qui est souverainement, qui est immuable?


  1. Gen. III, 5. ↩

  2. Matth. V, 44, 45. ↩

  3. Gen. I, 26. ↩

  4. Luc, XV, 12-16. ↩

  5. Ps. LVIII, 10. ↩

  6. Id. LXXII, 28. ↩

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