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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXIII.

5.

« Souvenez-vous de votre peuple, que vous avez possédé depuis le commencement1 ». Cette prière viendrait-elle des Gentils? Dieu les a-t-il possédés à l’origine? Et toutefois il possédait la race d’Abraham, le peuple d’Israël, né selon la chair des Patriarches qui sont aussi nos pères, car nous sommes devenus leurs enfants, non plus en vivant selon la chair, mais en imitant leur foi. Mais qu’est-il arrivé à ce peuple qui fut tout d’abord l’héritage de Dieu ? « Souvenez-vous, Seigneur, de ce peuple que vous avez possédé depuis le commencement. Vous avez « racheté le sceptre de votre héritage2 ». Ce peuple, qui est le vôtre, c’est « le sceptre de votre héritage que vous avez racheté ». Reportons-nous à ce que Dieu fit tout d’abord quand il voulut posséder en héritage ce peuple qu’il délivra de l’Egypte, quel signe donna-t-il à Moïse, alors que Moïse lui disait: « Quel signe leur donnerai-je, pour leur montrer que vous m’envoyez? Et le Seigneur lui répondit : Que tiens tu en ta main? une houlette. Jette-la sur la terre. Et Moïse jeta sur la terre sa houlette qui devint un serpent, et Moïse eut peur et s’enfuit. Or, le Seigneur lui dit : Saisis-le par la queue, et il le saisit, et il redevint une houlette, comme auparavant ». Qu’est-ce que cela signifie? Car ce ne fut point une action sans motif. Interrogeons les saintes Ecritures. A quoi aboutit pour l’homme l’insinuation du serpent? A la mort3. Donc la mort vient du serpent. Si la mort vient du serpent, dans le sceptre il faut voir le serpent, et dans le Christ la mort. De là vient que quand les Juifs mouraient au désert par la morsure des serpents, Dieu donna ordre à Moïse d’élever un serpent d’airain, et d’avertir le peuple que tout homme blessé par le serpent, qui le regarderait, serait guéri4. Ce qui arrivait; et les hommes mordus par les serpents étaient guéris de cette blessure venimeuse, en regardant le serpent d’airain. Que signifiait cette merveille, être guéri d’un serpent par la vue d’un serpent? Etre sauvé de la mort par la foi en un mort? Et toutefois « Moïse eut peur et s’enfuit5 ». Que signifie cette fuite de Moïse, à la vue du serpent? Quoi, mes frères, sinon ce que nous raconte l’Evangile ? A la mort du Christ, les disciples furent saisis de crainte, et oublièrent l’espérance qu’ils avaient eue en lui6. Mais qu’est-il dit ensuite? « Prends-le par la queue7 » Qu’est-ce à dire, u la « queue? » Saisis la partie postérieure. C’est dans le même sens qu’il dit encore: « Tu me verras par derrière8 ». D’abord le sceptre de Moïse devint un serpent, et quand il en saisit la queue, ce fut un sceptre; comme le Christ mourut d’abord, pour ressusciter ensuite. La queue du serpent est aussi la fin des siècles. Aujourd’hui l’Eglise marche à travers la mort. Les uns vont, les autres viennent par la mort comme par le serpent; puisque c’est lui qui a semé la mort; mais à la fin des siècles, que figure la queue du serpent, nous retournons à Dieu, nous devenons le royaume stable de Dieu, et alors s’accomplit en nous cette parole: « Vous avez racheté le sceptre de votre héritage ». Mais l’interlocuteur est ici la Synagogue; et c’est plutôt parmi les Gentils que paraît racheté le sceptre de l’héritage du Seigneur; car il n’y avait dans les Juifs qu’une espérance cachée, soit dans ceux qui devaient croire dans l’avenir, soit dans ceux qui crurent alors, à la descente du Saint-Esprit, quand les disciples parlèrent toutes les langues des peuples9. Alors en effet quelques milliers de Juifs, qui avaient crucifié le Christ, embrassèrent la foi: il s’en trouva même qui eurent assez de foi pour vendre leurs biens et en apporter le prix aux Apôtres10. Tout cela néanmoins se passait dans l’obscurité, tandis que c’était avec plus d’éclat que le sceptre de l’héritage de Dieu devait être racheté parmi les Gentils ; le Prophète alors nous montre ceux dont il a dit: « Vous avez racheté le sceptre de votre héritage ». Il ne parle pas ainsi des Gentils, cela est visible chez eux. De qui dès lors ? « De la montagne de Sion ». Et comme on pouvait donner un autre sens à la montagne de Sion, le Prophète ajoute: « Cette montagne sur laquelle vous avez demeuré », qu’habitait jadis votre peuple, sur laquelle fut construit le temple, où l’on célébra les sacrifices, et ces rites nécessaires alors qui promettaient le Christ. Promesses devenues inutiles en face de l’accomplissement. La promesse est nécessaire en effet avant qu’elle soit accomplie, afin que celui à qui elle est faite n’oublie point ce qui lui est promis, et ne meure par défaut d’espérance. Il doit donc espérer, afin de recevoir au temps marqué: dès lors il ne doit point abandonner la promesse. Aussi n’abandonnait-on point les figures, afin que les ombres ne disparussent qu’à l’aube du jour. « Cette montagne de Sion, sur laquelle vous avez demeuré ».


  1. Ps. LXIII, 2. ↩

  2. Exod. IV, 1-4. ↩

  3. Gen. III, 4, 5. ↩

  4. Nomb. XXI, 8; Jean, III, 14. ↩

  5. Exod. IV, 3.  ↩

  6. Luc, XXIV, 21. ↩

  7. Exod. IV, 4  ↩

  8. Id. XXXIII, 23. ↩

  9. Act. II, 4.  ↩

  10. Id. IV, 34.  ↩

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