5.
« Combien de merveilles nous avons entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères1 !». C’est le Seigneur qui a parlé plus haut; à qui en effet attribuer ces paroles: « Ecoutez ma loi, ô mon peuple? » Comment donc est-ce un homme qui parle tout à coup? Car voici le langage d’un homme: « Combien de merveilles nous avons entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères ! » Ou plutôt, c’est Dieu qui, voulant parler par l’entremise d’un homme, ainsi que l’a dit l’Apôtre: « Voulez-vous éprouver la puissance du Christ qui parle par ma bouche2? » c’est Dieu, dis-je, qui a lui-même parlé tout d’abord, de peur qu’on ne méprisât un homme, si un homme venait à parler. Telle est en effet la parole divine, qu’elle s’insinue par les séns de notre corps c’est le créateur qui stimule, par une action invisible, la créature qui lui est soumise mais ce n’est point sa substance qui se change en quelque chose de corporel ou de temporel, afin de se servir de signes matériels et palpables, qui puissent agir sur les yeux et sur les oreilles, pour manifester sa volonté, autant que des hommes la peuvent comprendre. Si un ange peut se servir de l’air, d’un nuage, du feu, ou de quelque autre nature ou apparence qui ait du corps, si l’homme peut, au moyen d’un regard, d’un mot, de la main, d’une plume, de lettres, ou par tout autre signe, indiquer les secrets de son coeur ; et même si, tout homme qu’il est, il peut avoir pour messagers d’autres hommes, s’il dit à l’un : Allez, et il va; à l’autre: Venez, et il vient; et à son serviteur: Fais ceci; et il le fait3: avec quelle puissance, et quelle efficacité bien plus grande, le Seigneur à qui tout est soumis, ne pourra-t-il pas se servir d’un ange ou d’un homme pour annoncer ce qu’il lui plaît. C’est donc un homme qui dit: « Combien de merveilles nous avons entendues et apprises , combien d’événements nous ont racontés nos pères ! » Et néanmoins nous devons écouter ces paroles comme celles de Dieu, et non comme des fables humaines. C’est pour cela que Dieu a commencé à dire: « Ecoutez ma loi, ô mon peuple, inclinez l’oreille aux paroles de ma bouche.
J’ouvrirai la bouche en paraboles, je dirai les énigmes depuis le commencement. Combien de merveilles », répond le Prophète, « avons-nous entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères !» « Nous avons entendu et appris », dit le Prophète ; ainsi dit-il ailleurs : « Ecoute et vois, ô ma fille . Ce qui a été entendu dans l’ancienne loi, est compris dans la nouvelle: entendu quand se faisait la prophétie, comme quand elle s’accomplissait. Accomplir la promesse, c’est ne point tromper ceux qui l’ont écoutée. « Combien d’événements nous ont racontés nos pères », Moïse et les Prophètes.