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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXIX.

13.

« Tout ce que le feu a brûlé, tout ce qui est creusé périra par la menace de votre colère1 ». Quels sont ces lieux brûlés et creusés par le feu, qui doivent périr devant la menace de son visage? Voyons et comprenons ce que le feu peut brûler et creuser. Qu’est-ce que le Christ a menacé? les péchés: les péchés ont donc été détruits par les menaces de son visage. Tous les péchés n’ont chez l’homme que deux racines : la cupidité et la crainte. Examinez, sondez vos coeurs, interrogez-les, approfondissez vos consciences, et voyez si les péchés peuvent venir d’autre part que de la crainte ou de la cupidité. On te propose un appât pour commettre le mal; cet appât te plaît, et tu pèches parce que tu le désires. Mais si cet appât ne saurait te persuader, on t’effraie par des menaces, et tu agis sous l’empire de la crainte. Un homme veut te corrompre et t’amener au faux témoignage. Il y a mille rencontres semblables, mais je propose la plus claire, et qui laisse à juger des autres. Tu penses donc à Dieu, tu dis en toi-même: « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme2? » Jamais le gain ne me dominera, jamais je ne perdrai mon âme pour un peu d’argent. Alors le tentateur a recours à la crainte; il n’a pu corrompre par l’appât, il a recours aux menaces; la perte des biens, le bannissement, la violence et peut-être la mort, voilà ses ressources. Les promesses ont échoué, les menaces auront peut-être plus d’efficacité sur vous. Mais s’il ne vous a fallu, pour résister à l’appât du gain, que cette parole de l’Ecriture : « Que sert à l’homme de gagner l’univers entier, s’il vient à perdre son âme »; souvenez-vous de cette autre contre la crainte: « Ne redoutez point ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent tuer l’âme3 ». Quel que soit l’homme qui en veut à votre vie, il n’a de pouvoir que sur le corps, il ne peut rien sur l’âme. Ton âme ne peut mourir, à moins que tu ne la veuilles tuer toi-même. Que l’injustice des autres tue ta chair, mais que la vérité garde ton âme. Mais si tu t’éloignes de la vérité, comment ton ennemi pourrait-il te dépasser dans le mal que tu te fais à toi-même? Dans sa fureur, ton ennemi peut meurtrir ta chair, et toi, par le faux témoignage, tu donnes la mort à ton âme. Ecoute l’Ecriture : « La bouche qui ment tue l’âme4 ». Ainsi donc, mes frères, c’est l’amour ou la crainte qui nous conduit à tout bien, comme c’est l’amour ou la crainte qui nous conduit à tout suai. Pour faire le bien, tu aimes Dieu, tu crains Dieu; pour faire le mal, tu aimes le monde ou tu crains le monde. Tourne vers le bien ces deux passions. Tu aimais la terre, aime la vie éternelle; tu craignais la mort, crains l’enfer. De quelque bien que le monde ait promis de payer ton iniquité, peut-il te donner aussi largement que Dieu donne au juste? Quelles que soient les menaces du monde contre le juste, le peut-il châtier comme Dieu châtie le pécheur? Veux-tu voir la récompense en Dieu , si tu vis dans la justice? « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde». Veux-tu voir ce qu’il réserve aux impies? « Allez au feu éternel, qui a été préparé au diable et à ses anges5 ». C’est bien pour toi de ne vouloir que le bonheur: car aimer, pour toi, c’est chercher le bonheur, et craindre, c’est écarter de toi le malheur. Mais tu ne cherches pas le bonheur où tu devrais le chercher. Tu te hâtes, parce que tu ne veux souffrir ici-bas ni indigence, ni aucune peine. Ton désir est bon; mais souffre ce que tu ne désires point, afin d’acquérir ce que tu cherches. Que fera donc le Seigneur, dont la face détruit le péché? Quels sont les péchés que le feu dissipe et embrase? Qu’a produit ton amour mauvais? Il t’avait embrasé comme une fournaise. Qu’a produit ta crainte déréglée? Elle t’a creusé comme une fosse. Car l’amour embrase, la crainte abaisse. Les péchés qui naissent de l’amour déréglé sont donc comme des embrasements; ceux d’une crainte servile, comme des fosses profondes. Il est vrai qu’une crainte juste humilie aussi notre âme, qu’un amour légitime l’embrase aussi, mais d’une manière bien différente. Car le vigneron supplie pour que l’arbre qui ne porte pas de bons fruits soit épargné, et s’écrie : « Je creuserai à l’entour et y mettrai du fumier6 ». Cette fosse marque la pieuse humilité d’une âme pénétrée de crainte; et ce fumier les utiles négligences d’un pénitent. Quant au feu des bonnes oeuvres, le Seigneur a dit : « Je suis venu apporter le feu dans le monde7 ». Tel est le feu qui embrase les âmes ferventes, et ceux qui brûlent de l’amour de Dieu et du prochain. Et alors de même qu’une crainte pieuse, et qu’un saint amour sont la source des bonnes oeuvres; de même un amour dépravé, une crainte mauvaise, produisent tous les péchés. Donc, « tout ce que le feu a brûlé, tout ce qu’il a creusé », c’est-à-dire tous les péchés, « périront par la menace de votre visage ».


  1. Ps. LXXIX, 17.  ↩

  2. Matth. XVI ,26. ↩

  3. Matth. X, 28.  ↩

  4. Sag. X, 11.  ↩

  5. Matth. XXV, 34, 41. ↩

  6. Luc, XIII, 8.  ↩

  7. Id. XII, 49.  ↩

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